Afrique, en passant, en séjournant, par Jean-Christophe Béchet, photographe

©Jean-Christophe Béchet

Hommage à l’Afrique telle que Jean-Christophe Béchet l’a connue à la fin des années 1980, African Memories est aussi un livre célébrant la photographie en ses pouvoirs, de capture de l’instant, de sauvegarde des visages, de fabrication de souvenirs, et de processus magico-chimique.   

Ce cinquième livre publié aux éditions Loco du photographe français né en 1964 – après European Puzzle, URSS 1991, chroniques de la fin d’empire, Habana Song, Macadam Color Street Photo, Sauvage Matérialité – prolonge ainsi la geste circumterrestre d’un artiste s’enchantant de la diversité des êtres, des scènes et des situations, menant une sous-conversation continue avec les artistes qui l’inspirent, notamment Bernard Plossu, Raymond Depardon, Guy Le Querrec et Pascal Maitre.  

©Jean-Christophe Béchet

Le monde s’est rétréci, et il est désormais difficile de se rendre dans des pays comme le Mali, le Burkina Fasso ou le Niger, la présence française y étant indésirable, mais il reste quelques images rescapées flottant sur le fleuve du temps prises par un jeune homme avide de découvertes.

Au Cameroun, l’artiste qui y résida dix-huit mois – à Yaoundé et Garoua – fait des portraits au Rolleiflex 6×6 des personnes qu’il a rencontrées, avec qui il a sympathisé, et qu’il souhaite immortaliser.   

©Jean-Christophe Béchet

On peut regarder African Memories, en ayant en tête les images de Tombouctou, peut-être…, publié en 2012 chez Transphotographic Press par Dominique Gaessler, les deux livres s’associent, se complètent, se prolongent.

La quête de Jean-Christophe Béchet est celle de la poésie de l’instant, de la fragilité des moments, et de la grâce des vivants.

2200 vues, 79 planches contacts, tout au 400 iso.

©Jean-Christophe Béchet

L’ensemble est comme de coutume chez lui en noir & blanc et couleur, le photographe change de boîtier, emprunte des pistes cahoteuses, est dans une forme d’urgence existentielle, son esthétique témoignant d’un vitalisme un peu stupéfait face au spectacle fascinant qu’il contemple et les lieux – urbains, semi-désertiques ou désertiques – qu’il traverse.   

Des forêts, des routes, des enfants, des anciens, toute la cocasserie et le sérieux de la vie.

Des paysans, des ouvriers, des êtres dont le mystère est préservé.

©Jean-Christophe Béchet

Tempête, dromadaires, pirogues.

Dune, soleil, minaret.

Possédant une reliure suisse, imprimé sur un beau papier ivoire, African Memories est un ouvrage graphiquement dynamique offrant aux photographies un très bel écrin.

Les pages non massicotées sur la tranche verticale sont, quand on les tourne, comme des poumons en plein exercice : l’air circule, aussi le sens, et des bruissements de silences.  

©Jean-Christophe Béchet

La pellicule est parfois zébrée ou rayée, les flous ne sont pas rares, transformant les personnages en fantômes, figures menacées de disparaître dans les sables de la mémoire.

Il y a de l’espace, une sensation de liberté, et des veilleurs nobles et graves au regard profond.

Au terme de cet article, je pense au corpus africain de Guy Hersent, il faudrait aussi le montrer, ce serait passionnant.  

Jean-Christophe Béchet, African Memories, édition Eric Cez, Editions Loco, 2024, 152 pages

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©Jean-Christophe Béchet

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