Ici, loin de la Terre, par Irene Zottola, photographe

©Irene Zottola

En imaginant Lejos de la Tierra, la photographe Irene Zottola a travaillé comme une musicienne, attentive aux silences comme aux soupirs de ses images, au rythme de son livre, aux reprises de motifs, jusqu’au timbre même marquant ses créations psychiques – quelque chose comme les vibrations d’un gong tibétain séparant et unissant les sons.

Elaborant son œuvre dans une dimension expérimentale, l’artiste espagnole cherche à éprouver les limites du médium, afin de permettre à son spectateur d’entrer dans une relation introspective à partir des œuvres produites.

©Irene Zottola

Tout est aux marges de l’évanouissement, de l’effacement, mais aussi de la persistance et de la réinvention des formes.

26eme volume publié par IIKKI, Lejos de la Tierra – loin de la Terre – peut se lire accompagné de la musique propice aux dérives oniriques de l’artiste et collagiste danois Øjerum.

Le deuxième livre d’Irene Zottola, après Icaro (Ediciones Anomala, 2021 – présenté dans L’Intervalle), offre des visions qui sont comme les fragments d’une vaste composition célébrant les puissances de la vie, mais aussi ses mystères.

©Irene Zottola

On ne sait pas très bien où l’on est, mais l’on a conscience du privilège d’accéder au monde intérieur d’une artiste travaillant comme une funambule à la jonction des pratiques, telle une plasticienne abordant la matière comme une énigme.

C’est une figure acéphale marchant sur une plage.

C’est un nuage étêté prolongé à la mine graphite par un trait de crayon.

C’est la vision romantique d’un ou d’une solitaire observant la mer d’un promontoire rocheux.

©Irene Zottola

Irene Zottola intervient sur ses photographies en noir et blanc, faisant de chaque image un support pour l’expansion d’une rêverie puissante et délicate.     

Il y a des écritures, manuscrites ou non, des lignes d’encre, des formats chaque fois différents, et comme des précipitations de substances difficilement identifiables.

On est ici dans un monde total, sans véritable bord, sorte de génésie très riche.

©Irene Zottola

On pense au cinéma expérimental new-yorkais, aux avant-gardes européennes, inventant des cérémonies plastiques afin de réenchanter nos visions.

Lejos de la Tierra n’est cependant pas sans gravité, qui multiplie les signes sombres et les errances de solitaires.

Il faut ressentir, arrêter de discourir, laisser agir la poésie, qui est jouissance des interstices.    

Irene Zottola, Lejos de la Tierra, IIKKI, 2024, 80 pages – 500 exemplaires numérotés

Lejos de la Tierra est le résultat d’un dialogue entre Irene Zottola et le musicien Øjerum, initié par IIKKI entre juin et novembre 2024 – 250 vinyles et 150 CD ont été produits à cette occasion

©Irene Zottola

https://www.irenezottola.com/

https://www.iikki-books.com/iikki-026-lejos-de-la-tierra

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©Irene Zottola

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