
©Salvador Saez
Il y a, sur la couverture du livre de Salvador Saez, Yami no hikari, une mosaïque de 36 images, faisant songer aux 36 vues de Mont Fuji imaginées par Hokusai entre 1831 et 1833.
La 4eme de couverture n’en comporte qu’une, mais au fond, tout est dans tout, de façon fractale.
Cet ouvrage d’inspiration japonaise dessiné par Kentaru Terajina – le titre signifie Lumière dans l’ombre -, composé de pages d’un noir profond, très bitumeux, non massicotées sur leur bord haut, est un chaosmos.
Y règnent le souffle de la création primordiale, la danse des énergies originelles, le verbe créateur (kototama) devenant densité de matière.
Les formes paraissent abstraites, mais elles figurent l’infigurable, qui est notre état premier.
Impression d’âmes en mouvement dans le liquide amniotique de l’univers.
Les particules d’encre argentée dérivent, se condensent, se séparent.

©Salvador Saez
C’est la calligraphie du vivant, la beauté unique de l’éphémère, les vibrations en expansion d’un big bang dément.
Nous procédons de l’un, cette unité multiple parfaite où se rencontrent en un même flux de fécondité les polarités masculine et féminine.
Yami no kikari n’a rien à prouver, mais tout à proposer, qui est de l’ordre de la transformation intérieure, ou de la conversion.
L’instant est une merveille, un trou noir, l’inédit absolu.
Dante respire ici sur quelque spire d’une corniche nouvelle et très ancienne.
Rencontre de l’infiniment grand et de l’infiniment petit, puissance de la lumière perçant les ténèbres.
Yami no hikari crée l’alliance de l’exploration visuelle, quasi expérimentale, et de la spiritualité.
Parce qu’il n’y a pas de séparation, que les dualismes tombent devant l’intelligence de la vie, et que tout tourbillonne de façon incessante dans le chaudron des galaxies.
Il y a des lueurs intenses, une mathématique supérieure, Vassily Kandinsky dialogue avec Jérôme Bosch dans le vestibule de Dieu.

©Salvador Saez
Les dernières images ont été réalisées dans la Sainte Grotte de la Montagne sacrée de Montserrat.
La Vierge est noire, comme le sublime qui terrifie et ravit.
On bascule, on ne reviendra pas, l’aventure est exaltante.

Salvador Saez, Yami no hikari, texte Enric Blanes, édition Alex Llovet, design graphique Kentaro Terajina, Ediciones Posibles, 2024, 96 pages – 500 exemplaires

©Salvador Saez
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