
©Dolorès Marat
Depuis une bonne dizaine d’années, l’œuvre de Dolorès Marat est toujours davantage exposée, éditée, célébrée.
Ce n’est que justice tant son regard nous touche à l’heure de la gestion génocidaire du globe.
Il n’est pas question ici de massification humaine, d’entreprises de propagande, d’exhibition de la violence, mais du goût de la solitude, de la mélancolie, de la grâce d’être simplement vivant.
Publié par les éditions dumas.salchli, A droite et à gauche, cinquième zine d’une collection qui s’impose désormais dans le canto general de la photographie, est un ouvrage de grande beauté, les tirages au procédé Fresson donnant à chaque image une teinte à la fois voluptueuse et de dimension introspective.
Un trapéziste nettement flou (Bernard Plossu) nous accueille, tout sera ici question de funambulisme existentiel, de points d’équilibre, de tension douce entre le poids des choses et l’apesanteur.

©Dolorès Marat
Les paysages sont oniriques, de l’ordre du conte.
Des ombres fantastiques, des lumières éblouissantes, des surfaces calmes et agitées.
On marche précautionneusement contre le mur du temps, on est sur le bord, on pourrait chuter : langues d’une vague mourant sur une grève, chemins de guingois probablement glissants, marches d’un escalator conduisant à un arbre d’or.
On attend que le soleil se couche, que le monde se taise, tout est désormais silencieux.
Nous sommes des personnages en quête d’auteur perdus dans le vaste décor que nous appelons la/notre vie.

©Dolorès Marat
Dolorès Marat voit le monde en coloriste, non pour l’enjoliver, mais pour lui offrir la chance de ne pas être totalement réaliste.
Flammèches humaines, présences lumineuses dans les buildings, astres rouges.
Nous inscrivons nos corps dans des structures géométriques transcendantes, nous sommes agis par des forces que nous ne maîtrisons pas, le somnambulisme est notre état quasi permanent.
Par son art photographique, la promeneuse à l’appareil magique observe sans cruauté le manège de nos existences, la chorégraphie de la condition humaine, la précarité très belle de nos cheminements personnels.
Des anges nous veillent, un cadre de vision nous protège, le ciel se fend, des couleurs étranges et somptueuses témoignent d’un au-delà du visible.
Dans un texte sans ponctuation terminant l’ouvrage pour l’ouvrir à de nouvelles significations, le romancier Eric Reinhardt écrit : « Dolorès Marat va à droite et à gauche / et c’est ainsi qu’elle nous sauve »

©Dolorès Marat
De-ci, de-là.
Par-ci, par-là.
Ici-bas, et partout ailleurs.
Unité du vivant dans la diversité.
Convergence des solitudes.
Possibilité de traversée le miroir.

Dolorès Marat, A droite et à gauche, texte Eric Reinhardt, design Yann Linsart, dumas.salchli éditions Arles & Dolorès Marat, 2025 – 250 exemplaires numérotés

Des éditions de tête sont disponibles

©Dolorès Marat
Dolorès Marat et Eric Reinhardt signeront leur livre à Arles, place Voltaire, le 11 juillet 2025, de 17h à 18h30