Prayer at the gate, par Thomas Swiffer Roux, photographe

©Thomas Swiffer Roux

Thomas Swiffer Roux passe sous les radars, ne demande rien à personne, fait ce qu’il doit faire, soit le livre autopublié I Inside The Old I Dying.

On déplie la double couverture formant une seule image, en noir et blanc à gauche, en couleurs à droite : ce sont deux cochons sauvages vus probablement depuis l’habitacle d’une voiture.

Nous passons, ils restent, nous nous croyons nets quand ils sont flous, mais au fond c’est l’inverse.

©Thomas Swiffer Roux

Il y a deux voyages, deux saisons, deux livres associés, une même prière.

Inspiré par la musique de P.J. Harvey, I Inside The Old I Dying part d’une déchirure, d’un cri intérieur, d’une recherche d’intensité, construisant des ponts entre le passé et le bel aujourd’hui, conscient de la nécessité de mourir à soi pour activer un processus de métamorphose menant vers davantage de liberté encore.

Entre la mer et la terre, entre le sacré et le profane, entre le rêve et ce que l’on appelle trop rapidement la réalité.

©Thomas Swiffer Roux

Une Circé corse nous a transformés en porc, nous grognons, voilà notre quotidien, mais il faut aller vers l’art, l’envol, l’éveil.

Loin des terres belges où il vit, Thomas Swiffer Roux emprunte des routes vertigineuses, découvre des chaos rocheux vaguement anthropomorphes, dessine son avenir dans le noir de paysages dessinés au fusain de l’objectif.

La peau expérimente son élasticité au contact des agrafes du quotidien, l’esprit croit aux fantômes, le song de l’artiste au boitier de mélancolie est un lied, un conte fantastique, une tentative de traversée des apparences.

©Thomas Swiffer Roux

Une épée est fichée dans la lande, c’est un trait magnétique, une épreuve pour de futurs chevaliers du regard, une croix de vérité.

Qu’est-ce que le graal, semble se demander le voyageur ?

Où est la sainte coupe ?

Est-elle cachée dans les ténèbres de la mer, protégée par les abysses ?

©Thomas Swiffer Roux

Sous les racines d’un arbre ?

Dans une maison abandonnée ?

Nous ne sommes pas seuls.

Il n’y a rien à croire, mais tout à percevoir.

Une lumière spéciale de l’autre côté de la vallée, des pierres mauves, des crêtes polychromes.

I Inside the Old I Dying est un livre sur la foi, sur l’art qui n’est pas un objet de culture, sur la poésie des départs, sur le mystère du vivant, sur la fine dialectique entre le visible et l’invisible.