Manger brésilien, par Edu Simoes, photographe

©Edu Simoes

Un éditeur manque aux Rencontres de la photographie d’Arles 2025.

Un éditeur passionné, passionnant, inventif, visionnaire, et grand découvreur d’auteur.e.s, notamment brésilien.ne.s.

Quelques noms à son catalogue ? Alexandre Furcolin, Andressa Ce, Fernando Banzi, Alice Quaresma, Claudia Jaguaribe, Claudio Edinger, Jose Diniz, Cassio Vasconcelos, Betina Samaia, Claudia Guimaraes, Juan Esteves, Rogerio Reis,     

Il s’agit bien entendu de Pierre Bessard, plusieurs années d’avance sur le marché éditorial français, anticipant les tendances, et surtout libre d’en être ou de ne pas en être.

Il me plaît aujourd’hui de rappeler l’un de ses titres les plus étonnants, Marmites, de Edu Simoes.

©Edu Simoes

Il s’agit d’un livre au cartonnage épais – pouvant par sa robustesse faire penser à un livre pour enfants conçu par Rémi Noël – se présentant dans une boite en fer.

Le contenant n’est pas un anodin, puisqu’il s’agit exactement – ce ne sont pas des artefacts – des boites, sortes de bentos brésiliens, dans lesquelles mangent, au pied ou au sein de leur usine, à Sao Paulo, les ouvriers rencontrés à partir de 2004 par le photographe.

Marmites ne discourt pas, mais montre la précision de composition des repas que mangent les travailleurs.

Il faut qu’ils soient particulièrement nourrissants et équilibrés, chaque plat photographié dans ces boites relevant d’une richesse formelle remarquable.

On sent la faim, l’effort de préparation, le moment de pause tant attendu.

On entend le bruit de la cuillère ou de la fourchette piochant dans la boite et se cognant contre les parois.

On entend quelques paroles, et surtout le bruit de la mastication, la satisfaction du corps qui se restaure.  

©Edu Simoes

Pommes de terre, oignons, riz, haricots rouges, poulet.

Haricots blancs, riz, bouts de calamar.

Viande rouge, piment, riz.

Brocolis, courgettes, haricots, ragout.

Œufs, saucisse, tomates, pâtes.

Il faudrait être anthropologue culinaire pour bien analyser chaque préparation, mais l’on peut être aussi ethnologue sauvage, et, en esthète, apprécier l’harmonie des couleurs, le jeu des textures, tout en devinant les goûts.

Marmites est plus qu’un livre de photographie, c’est un précipité de culture, une saveur unique, l’histoire d’un peuple en ses repas ouvriers, la richesse, relative, de chacun, se remarquant par la qualité des protéines achetées.

Vraiment, Pierre Bessard manque, mais, au fond, il est là pour ceux qui savent voir, et se souvenir.

Edu Simoes, Marmites, texte Edu Simoes, desing graphic Cyrielle Molard, Editions Bessard, 2018 – 250 exemplaires numérotés et signés

https://editionsbessard.com/product/marmites-artist-edition-of-250-copies-signed/

Cinq types de boites sont disponibles

https://www.instagram.com/edusimoesfoto/

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