
©André Santos
S’il n’est pas bien préparé, le fugu est un poisson potentiellement mortel, son foie, ses intestins, ses gonades et ses ovaires contenant une substance extrêmement toxique pour l’humain.
C’est un mets considéré comme raffiné au Japon, où seuls quelques chefs sont officiellement habilités à le cuisiner.
Edité au Portugal par Preto Books sur papier glacé, Fugu, d’André Santos, est aussi le titre d’un livre de photographie délicieux.
Aucun poison ici, mais un voyage en couleur au Japon imprimé sur papier glacé.

©André Santos
Des images comme des flottaisons de lentilles d’eau.
De la lumière, de la fantaisie, la placidité affamée d’une carpe Koï.
Voyant l’archipel nippon au format carré, André Santos observe des signes, des lignes, des repères quelquefois relativement énigmatiques, ses photographies pouvant être considérées comme des amers pour un marin en dérive.
Deux geishas marchant dans la nuit entre des haies de bambous géants.
De l’eau, de la pierre, du végétal, de l’humain, des objets.

©André Santos
Un petit enfant portant des chaussures Adidas s’est endormi sur les fauteuils d’un train.
André Santos cherche moins à capturer des scènes, qu’à se laisser surprendre par ce qui vient à lui.
Fugu est ainsi constitué d’épiphanies, d’apparitions modestes, d’architectures précaires.
Il y a du saugrenu également dans ce livre, où la surréalité n’est pas rare.
Le museau d’une voiture emballée dans un plastique.
Le tronc d’un arbre encapsulé entre deux bâtiments.

©André Santos
Des rues vides pouvant se prêter à toutes les interprétations fantasmatiques.
Visions d’un marcheur, d’un regardeur prenant les transports en commun, d’un occidental s’égarant sans angoisse.
Fugu relève d’une merveille qui n’est pas un excès de lumière ou de présence.
Discrétion des fissures, de la mort au travail, des bâtiments silencieux.
Voici un daim, des passants, des touristes locaux.
Des échoppes, une île, une télévision montrant un sumo.

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Ouvrage ayant la fraîcheur poétique des premiers livres, Fugu ne veut rien démontrer, ni prouver, laissant respirer chaque chose sans la surcharger de significations.
On est là sur le pont flottant du ciel de l’appareil photographique tenu à la hauteur du plexus solaire, on se laisse porter, on dérive.

André Santos, Fugu, book concept Ana Paulo Pais, Preto Books / Arte Deste Século, 2025 – 200 exemplaires

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