Puissance de la fragilité, par Jessica Gerard, photographe

©Jessica Gerard

Montrer la fragilité comme puissance est au cœur de l’acte photographique de Jessica Gerard.

Ne pas craindre d’exposer sa vulnérabilité, se mettre à nu, être vrai.e.

Réalisé après une rupture amoureuse, le récit intime I fell unsafe évoque la double dimension de l’abandon et du désir.

©Jessica Gerard

On perd pied, on est seul.e, égaré.e, plongé.e dans une nuit paraissant sans fin.

On a tout perdu, mais il y l’amer de l’appareil photographique, dont le ventre est une chimie argentique féconde, imprévisible, réjouissante.

Vie des accidents.

Taches sur le dos, taches sur l’image, taches sur le cœur blessé.

©Jessica Gerard

On s’agrippe à l’épaule d’un marin de passage, on est fracassé.e, mais il y a le sexe, la rencontre des peaux, la tendresse.

La solitude est manifeste dans I feel unsafe, mais aussi l’appel du corps désiré, les pointes de lumière dans la désespérance, le feu qui reprend.

Les passions enchaînent et libèrent, l’intensité est une manière de vivre échappant au social.

Grands ensembles urbains, nudité, pluies, pleurs, pouvoir consolateur des fleurs qu’on appelle des éphémères.

©Jessica Gerard

Novembre exprime aussi le cycle existentiel, l’ouverture au monde des esprits, la présence des défunts, la nécessité de renaître à soi.

Jessica Gerard produit une photographie païenne, non pas sacrilège, mais sauvage, intime, de lumière opaque.

Son ami Hans Lybeer, qui a mis fin à ses jours, écrit : «                               sleep / Adieu /            beauté du Monde / je m’en vais rejoindre ta lumière /                                                            ou /                                                                             ton néant »

Passage d’une fumée, d’un nuage, d’un signal de paix.

©Jessica Gerard

D’une belle âme.

Fleurs mortuaires, draps froissés, broussailles incendiées.

Dieu est là : bougies se consumant, oiseaux perchés fondus, roue du samsara, croix christique, oiseau déchu, corps enlacés.

Novembre dit le carnaval ontologique, la danse des spectres, la zébrure des ciels.

Qui viendra coucher près de nous sur le matelas froid ?

©Jessica Gerard

C’est le moment de la grande traversée, du chant des forêts enflammées par un soleil de mélancolie.

Jessica Gerard photographie comme on entre en métempsychose, dans la conscience d’un processus continu menant du moi au soi, de l’ego à la dimension la plus singulière, et inédite, de notre être au monde. 

La route est longue, difficile, mais exaltante.

©Jessica Gerard

Des arbres nous regardent.

©Jessica Gerard

Jessica Gerard, I feel unsafe, auotpublication, 2021

Jessica Gerard, Novembre, texte Hans Lybeer, autopublication, 2024

https://www.instagram.com/jessica.g.rar/?hl=fr

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