
©Wilfrid Estève
Il faut bien lire la première page de Les héros ont la vie courte pour en bien comprendre le contenu.
Ce titre de film dramatique est celui d’un livre photographique de nature autobiographique de Wilfrid Estève, président de l’agence Hans Lucas, et d’abord père.
Le 1er juillet 2007, ses enfants de six et quatre ans partent vivre avec leur mère loin de lui, à 900 kms de Paris où il réside.
Cette séparation n’est pas un effacement, mais c’est une déchirure rappelant chez leur papa le souvenir de la mort accidentelle de son propre père quand il avait dix ans.

©Wilfrid Estève
« Le père, écrit l’auteur, est toujours une mosaïque d’images mêlant réel et imaginaire. Cette mosaïque n’est jamais complète, et tout comme moi aujourd’hui chacun passe sa vie à chercher la pièce manquante, celle qui viendra parfaire le tableau. »
Apparaissent d’abord quatre images issues d’un Photomaton : c’est un jeune homme, cheveux longs, petite moustache, beau gosse.
Puis des photographies, plutôt blanches, comme l’absence, comme la sidération, comme les mots bloqués.
Des pigeons sur un câble, un enfant et une femme faisant des empreintes dans le sable mouillé.

©Wilfrid Estève
En noir & blanc et couleur, imprimé selon les grâces et émouvantes disgrâces du procédé risographique, Les héros ont la vie courte montre l’intimité d’une famille, des bambins, des situations quotidiennes.
Jouer avec une maman, faire les fous dans le lit, aller ensemble à la rivière, mettre la tête sous l’eau dans le bain, ramper sur les herbes de l’été.
Sont-ce les enfants d’une première union, ou ceux d’une famille recomposée ?
Les photographies sont tendres, touchantes, intenses.
Elles célèbrent la joie des enfants, le plaisir d’être en vie, l’inventivité des imaginaires débondés.

©Wilfrid Estève
La deuxième partie de l’ouvrage est davantage consacré à l’amour des parents, à leur union, à la sensualité adulte.
C’est très beau, très doux, plein de complicité, et de pudeur.
Puis les enfants reprennent leur place, car ce sont eux les fruits de la jouissance, le renouvellement, les vrais artistes.

©Wilfrid Estève
Ils grandissent, ont grandi, font maintenant de très beaux dessins, ainsi l’elfe féminin de la quatrième de couverture prénommé Eva.
La peine s’est estompée, des anges volettent autour de nous.

Wilfrid Estève, Les héros ont la vie courte, art director & cover book’s design Thibault Geffroy, collection L’Atelier risographique, numéro 31, Editons Bessard, 2025 – 80 exemplaires

https://editionsbessard.com/product/les-heros-ont-la-vie-courte-limited-edition-80/