©Géraldine Lay
Sixième volume de la collection des éditions Sur La Crête consacrée aux résidences du Carré d’Art, La lune sourit au jour, de Géraldine Lay, est un livre consacré à l’énergétique particulière du territoire de Chartres-de-Bretagne.
Travaillant en coloriste, l’artiste se montre très sensible aux vibrations spécifiques de la chromie des lieux qu’elle traverse et personnages qu’elle rencontre, mais aussi à la façon dont l’humain se confronte à la fois à l’architecture et à son environnement naturel.
Il y a dans les images de cette photographe rare une sensualité sobre, qui est la marque d’une pudeur mêlée à la juste distance dans les rapports de fraternité.
©Géraldine Lay
Une tendresse envers le vivant – surtout pas une mièvrerie -, qui n’est pas incompatible avec le goût de l’abstraction.
Géraldine Lay observe le village populaire où elle est accueillie avec beaucoup de délicatesse.
Les échos colorés – rose de la robe de la petite fille/ façade rose de la maison néo-bretonne ; vert de la pelouse/ vert de la toile de la palissade ; rouge du pull enfilé/rouge du pull séchant dehors – disent la vie quotidienne avec grâce.
Attentive aux ombres et aux reflets, la photographe interroge la substance même de ce que nous voyons, souvent de l’ordre d’un rêve éveillé.
©Géraldine Lay
Mais il y a aussi dans son corpus des pointes de drôlerie faisant basculer les scènes en suspension qu’elle saisit du côté du burlesque pince-sans-rire.
Aucune férocité, mais une façon de percevoir un chant, voire un rire, dans les formes et situations ordinaires.
Chez le coiffeur, dans la rue, devant une façon d’immeuble, dans un jardin ou un petit bois.
Les personnages semblent les figurants d’un film dont ils ignorent la totalité du scénario.
Ils agissent, mais sont agis, le mystère est l’autre nom de la lumière, pouvant mener à quelque transfiguration inattendue.
©Géraldine Lay
Quelqu’un étreint le vide, une femme tourne son visage hollywoodien sur la gauche, un homme a le buste enfoui dans un sapin.
Chartres-de-Bretagne est devenue le protagoniste d’une œuvre emplie de microfictions énigmatiques mettant le spectateur au travail.
Il y a les lieux, arpentés intensément, mais il y a aussi l’horizon des regards des personnages.
Voient-ils la lune sourire au jour, ou le jour à la lune ?
Voient-ils se dessiner dans l’invisible les formes de leur destin ?
Comprennent-ils le secret de leur naissance ?
Géraldine Lay, La lune sourit au jour, texte Eric Chauvier, Sur La Crête éditions, 2025 – 250 exemplaires
https://editionsurlacrete.com/
https://editionsurlacrete.com/25_La-Lune-sourit-Geraldine-Lay
Exposition éponyme à la galerie Le Carré d’Art, du 12 septembre au 8 novembre 2025
Le blog de Fabien Ribery 