La vie intérieure des paysages, par Sara Silks, photographe

©Sara Silks

Vingt-troisième volume d’une série bimensuelle initiée par Setanta Books (Richmond, Surrey, Angleterre), présentant des artistes émergents, l’ouvrage de Sara Silks ayant sobrement pour titre son nom est d’une grande grâce.

L’industrie du livre, ou même du cinéma, dévore ses auteurs, les plie à des lois commerciales infernales.

Il semble qu’aujourd’hui le besoin d’expression poétique se soit déplacé du côté du livre de photographie.

©Sara Silks

Economie de moyen, artisanat d’art, travail collectif de haute précision.

A peine un marché – on me contredira -, une économie restreinte, de la passion à tous les niveaux.

Se présentant sous couverture cartonnée verte aimantée, parcourue par le dessin d’une ligne végétale fine, comme un fil, comme un appel au tissage des liens, Sara Silks prend le temps du regard.

La photographe ne capture rien, mais accueille, en silence, ce que vent, ou l’inspiration, dépose sur sa pellicule.

Mais, pas de diktat, le numérique est aussi utilisé, l’essentiel étant moins l’obsession technique que la transmission d’une impression de vie pleine, sans forçage.

©Sara Silks

Sara Silks est un livre qui respire, et qui accorde à la lumière une place première, fécondante.

Ne s’interdisant pas le procédé de la superposition, les images de l’artiste, en noir & blanc et nuances de couleurs évoquant la surface tamisée du Jadis, donnent la sensation d’un monde sauvé.

Les éléments naturels y sont des mystères flottants créant des ponts de communication entre le microcosme et le macrocosme.

©Sara Silks

L’ensemble est très graphique, sans chercher à épater, mais à émouvoir.

Tout est là pour qui sait voir et a pu couper le contact avec le maléfice des réseaux sociaux de la terreur.

Une branche, des filaments, une eau scintillante.

Des futaies, des feuillages, des eaux moirées.

Surfaces des songes.

L’héritage du romantisme européen rejoint ici le japonisme.

Ombres, solitude sans effroi, influences du roman gothique.

©Sara Silks

Les images sont libres, modestement tenues par un élastique noir.

A chacun de composer, à partir de ce corpus de délicatesse, ses chemins de rêves.

On tend la main, on attrape celle d’un fantôme, on traverse des bois enchantés.  

Les sous-bois craquent, le temps passe, tout nous observe et nous juge.   

Sara Silks, Sara Silks, design Martina Krosneva, Setanta Books, 2025, 48 pages – 350 exemplaires

https://www.setantabooks.com/products/023-sara-silks?_pos=1&_sid=aa7a58069&_ss=r

https://www.sarasilks.com/

Un commentaire Ajoutez le vôtre

  1. Avatar de Marie Marie dit :

    la pureté d’un monde dans une ère en colère, destructrice.

    se peut-il que bientôt le règne végétal survive à toutes ces atrocités.

    les photos, ces photos que vous nous présentez ce jour nous montrent peut-être que quelque chose de moins pire meilleur est envisageable.

    espoir.

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