« Les manchots, les unijambistes étaient légion, que l’époque, insoucieuse de ménager certaines apparences, avait simplement pourvus d’un crochet d’acier nickelé ou d’une espèce de sabot rond, caoutchouté, qui faisait penser aux chèvre-pieds des vases grecs ou des tableaux néoclassiques. » (Pierre Bergounioux) Repartir, revenir, comprendre. Par sa folie meurtrière, La Première Guerre mondiale hante encore notre…
Étiquette : Première Guerre mondiale
Un long destin de sang, par Alexandre Castant, écrivain
Offensive française en Alsace, au mois d’août 1914 « Depuis la mort de François-Ferdinand de Habsbourg, le 28 juin 1914 à Sarajevo, et la guerre mondiale qui allait la suivre le 28 juillet, la terre n’aura été que tombeau, relief de cicatrices et de dévastations perpétrées par le bruit : d’obus, de canons, d’avions, de mitrailleuses et…
La guerre dans la tête, par Louis-Ferdinand Céline, écrivain
« J’ai bien dû rester là encore une partie de la nuit suivante. Toute l’oreille à gauche était collée par terre avec du sang, la bouche aussi. Entre les deux y avait un bruit immense. J’ai dormi dans ce bruit et puis il a plu, de pluie bien serrée. Kersuzon à côté était tout lourd tendu…
Souvenirs militaires de la Grande Guerre, par Charles Vildrac, poète, dramaturge, et soldat
« Passé dans la réserve de l’Armée active, ce ne fut qu’une semaine après la déclaration de guerre que, selon l’ordre d’appel, je me rendis à Fontainebleau. J’eus le temps, auparavant, d’assister aux premiers déchaînements de la sottise nationale, aux excès d’une populace en proie au prurit chauvin. » Oui, la littérature change la vie. D’avoir lu…
Le fa presto de Mathurin Méheut, peintre breton
Fut un temps où l’existence d’un monde commun n’était pas une pensée saugrenue. Un monde donné par les métiers, les traditions, les paysages, la présence animale évidente, non par le démon du lucre dévorant chaque fragment de réalité, jusqu’à faire imploser les êtres. Loin de cette logique féroce devenue la substance de nos interactions, il…
Canal Seine-Nord, une ligne d’eau, par Frédéric Cornu, photographe
Dans la région des Hauts-de-France, la construction du Canal Seine-Nord est appelée à modifier durablement le paysage. Photographiant depuis 2017 des zones rurales bientôt bouleversées, Frédéric Cornu s’est questionné sur cette nouvelle ligne d’eau, se situant sur un axe Nord-Seine ayant été durant la Première Guerre mondiale une ligne de front – un projet d’envergure…
Expérience et pauvreté, par Bertolt Brecht et Stéphane Duroy, photographe
A mes fils, mes grands-pères, mes arrière-grands-pères « Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c’est nous qui l’avons tué ! Comment nous consoler, nous les meurtriers des meurtriers ? Ce que le monde a possédé jusqu’à présent de plus…
Une odyssée en eaux troubles, par Gérard Macé, écrivain
L’hygiénisme est l’autre nom de notre époque, puritaine, violente, haineuse, portée par le désir de mort. Au XIXème siècle, l’hygiène fait des progrès, faisant reculer les maladies les plus contagieuses, avant que de se transformer en impératif moral. Gérard Macé, cet esprit libre, voyageur, cultivé, en fait le thème de son dernier opus, Le navire…
11 Novembre, allumer des contre-feux, par les étudiantes et étudiants de la Haute école des arts du Rhin
Le 11 novembre 1918 est bien entendu une date clé de l’Histoire de France. On en profite pour ne pas aller à l’école, rester chez soi, se rendre au cimetière, en se souvenant parfois vaguement des raisons de ce jour férié. Pour commémorer véritablement l’Armistice de 1918, il fallait en réinventer les codes, graves, nécessaires,…
La guerre en province, par Louis Guilloux, écrivain
« La guerre en province est sourde. C’est une guerre de taupes. Elle est polie. Les ennemis se rencontrent cent fois par jour, au coin des rues, et chaque fois qu’ils se rencontrent, ils échangent un salut. Ils observent d’autant mieux cette correction, qu’ils appartiennent au même corps, et ont à cœur de n’en point…
L’esprit des lieux, par Sophie Zénon, photographe
« Lorsque l’herbe poussera au-dessus de ma tombe, écrit Fernando Pessoa dans Le gardeur de troupeau, que ce soit là le signal pour qu’on m’oublie tout à fait. La Nature jamais ne se souvient et c’est par là qu’elle est belle. Et si l’on éprouve le besoin maladif d’« interpréter » l’herbe verte sur ma…
La guerre, de vivant à vivant, par Gianni Stuparich, écrivain triestin
« Nous avons avancé dans un silence sacré, tels de primitifs conquérants, mesurant à pas amples la terre incontestée, intrépides dans la conquête vierge. Maintenant en revanche nous sommes vulnérables, parce que nous avons creusé la tranchée et que chaque corps a travaillé pour son abri. L’enchantement est rompu : l’ennemi qui peut nous attaquer et au-devant…