
« 13j13 – Il me reste de la Kryptonite, je décide de me fumer un pétard galactique. »
C’est un livre dont la couverture possède de magnifiques effets moirés, tels des rayons lumineux envoyés par une navette spatiale, ou l’hypnose procurée par la lampe scialytique de votre dentiste préférée.
En son centre, posant sur fond de papier peint rose à fleurs, dans son costume vintage, très chic cependant, apparaît un alien au regard mélancolique.

C’est Robert Maurice Debois, notre grand-père à tous, le vieux fou de l’EHPAD, le dernier des innocents, le premier des abandonnés.
C’est lui et c’est nous.
C’est notre futur, nos yeux mouillés et notre manque d’amour.

C’est E.T. revenu sur Terre, qui aimerait que Nan Goldin l’adopte enfin.
Sorte de rencontre improbable entre le protozoaire et le génie high-tech, voici Robert Maurice Debois sur le dance floor d’un livre publié par André Frère lui empruntant son nom.
Le créateur de cette créature ? Le photographe Bruce Krummenacker.

Qui ? Boh ! Bah ! Bath !
Ses compositions sont celles d’un maître de la SF, à moins que ses antennes ne soient directement branchées sur les canaux extraterrestres.
Image d’une planète inconnue composée de roches, de sable et de lumière crue.

Image d’un petit fonctionnaire de l’espace, cinglé dans son costume trois pièces, prêt à partir au travail.
Image d’un rayon laser perforant le temps et l’aluminium de son caisson stérile.
Bruce Krummenacker s’amuse, avec l’imaginaire scientifique, avec les couleurs aux limites du kitsch et de la saturation, avec notre crédulité.

Mis en scène dans des situations quotidiennes, Robert Maurice Debois, qu’il téléphone avec un appareil à combiné circulaire ou porte une chemise à la Magnum (le moustachu de la série américaine, pas l’agence), est toujours attendrissant.
Vous le voyez occuper l’écran de votre Smartphone, vous vous étonnez, vous venez de prendre un selfie.

Bruce Krummenacher (hypothèse de Bernard Plossu sous LSD) invente une sorte de burlesque des confins de la voie lactée.
Al Pacino Debois mange des sandwiches aux diamants, en attendant que vienne le rejoindre dans sa chambre d’hôtel quelque belle siliconée pour lui ravir entre ses seins énormes la substance de l’éternelle jeunesse.
Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, psychédélique et ultra cool.

La météo annonce 70 degrés à Marseille.
Il n’y a plus d’arbre, mais les plantes sont gigantesques.
On est morts, on est bien là où l’on est, on sait que Robert Maurice veille très calmement sur les restes d’une civilisation promise à l’extinction.

Aucune panique, Run-R.M.D. maîtrise.
« 22h15 – La pierre de lune n’étant pas fraîche, je déglutis par tous mes pores. »
– Eh, t’as vu l’engin ?

Bruce Krummenacker, Robert Maurice Debois, textes de Bruce Krummenacker, André Frère, 2019
Site officiel de Robert Maurice Debois – souvent indisponible

