Une partition de silences, par Thierry des Ouches, photographe

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 © Thierry des Ouches

S’apparentant à des natures mortes, des vanités ou des memento mori, les photographies de Thierry des Ouches sont des acmés de vie, offrant à leurs spectateurs la structure même du temps, dans sa loi inexorable de rouille, de peintures écaillées et d’objets rejetés par l’automaticité d’un progrès aveugle à son histoire.

Silences, son dernier opus, publié chez Harpton, propose une vaste et calme méditation sur la force de l’éphémère.

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 © Thierry des Ouches

Loin du vacarme médiatique, de la fausse actualité, voici, dans la proximité du simple, des paysages invitant à la douceur et aux voyages imaginaires.

Il y a des ponctuations de pages et demi-pages blanches, permettant à chaque image de respirer, de se déployer, de croître en puissance à mesure que le regard s’y attarde.

Des lierres, des cordages, des tôles, de vieux hangars, des véhicules témoignant d’un autre monde, plus lent, plus dense peut-être.

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 © Thierry des Ouches

Semblant attendre qu’on les remarque enfin, des pinceaux, une sangle, des bidons, un ventilateur, occupent l’espace comme s’il s’agissait de personnages en quête d’un auteur sachant les doter d’une présence nouvelle.

Tel est l’art de Thierry des Ouches, inventant entre vide et plein un réalisme teinté d’onirisme.

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 © Thierry des Ouches

Tout est muet, tout pourrait s’évanouir, tout a déjà disparu peut-être.

Une radio oubliée dans la dévastation, des arbres aux conversations secrètes, un ponton glacé sur un lac nervalien.    

On ne part plus, le temps est une automobile ruinée, une casse fabuleuse oubliée de Dieu lui-même.

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 © Thierry des Ouches

On peut devant la mer tempétueuse jouer les grandes orgues symphoniques, ou se gratter la tête à la façon des gorilles, curieux et détachés de tout.

Chaque photographie se donne comme la totalité d’un tableau : un portique sur la plage au Touquet, un tourteau, la rade de Toulon, une poulie.

Ici les humains, ombres ou silhouettes, auront la politesse de ne pas peser, eux aussi soumis à la dégradation de leur visage.

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 © Thierry des Ouches

Echoués, les navires de guerre désarmés sont envahis de petits poissons argentés promis à de splendides fritures.  

Une chaise gisant dans la poussière.

Des toiles d’araignées pendant comme des robes de mariées dans une armoire antique.

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 © Thierry des Ouches

Des aiguillages inutilisés depuis des décennies.

Tout est à l’arrêt, mais il n’y a pas de drame, simplement de l’usure, de l’oubli, un refus d’accompagner encore la folle course des humains.

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Thierry des Ouches, Silences, texte Thierry des Ouches, conception éditoriale Caroline Perreau et Maroussia Jannelle, éditions Hartpon, 2020

Thierry des Ouches – photographe

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 © Thierry des Ouches

Editions Hartpon

Exposition éponyme, du 9 au 26 septembre 2020, Galerie Guillaume (Paris) – vernissage et signature le 16 septembre, de 15h à 22h

Galerie Guillaume

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 © Thierry des Ouches

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2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Barbara Polla dit :

    Pourquoi tu crois en Dieu ?

    Ii faut enlever le s a tempétueuse

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  2. Matatoune dit :

    Étonnant. Merci pour cette découverte 😉

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