©Nicolas Wormull & Ricard Estay
Diaspora Letters, que publie à Marseille André Frère Editeur, est une conversation visuelle entre deux photographes, Nicolas Wormull, vivant au Chili, et Ricard Estay, installé en Suède, alors que dans le pays de Salvador Allende éclataient en 2019 des émeutes, l’armée étant déployée dans les rues de plusieurs villes après la proclamation de l’état d’urgence.
La colère sociale, provoquée notamment par la hausse du prix du ticket du métro, ne pouvait plus être contenue, le peuple ne supportant plus la logique de privatisation de la vie quotidienne.
©Nicolas Wormull & Ricard Estay
On ne saura pas ici qui est l’auteur de telle ou telle image, des fleurs, un bar, une chambre, un chien et un lapin, une petite fille prenant sa douche, une rue, un pigeon, un hôtel, une baignade, des fauteuils, une caméra de surveillance.
Est-on au Chili ou en Suède ? Est-on en Chili-Suède ou en Suède-Chili ?
©Nicolas Wormull & Ricard Estay
Il y a des diptyques, des photographies isolées, du noir & blanc et de la couleur, du flou et du net, une substance de grains et des images à la surface impeccablement lisse.
La matière générale est très belle, sensuelle, multiple, célébrant des deux côtés de l’Atlantique l’humaine condition dans des situations diverses.
Être libres et solidaires, solitaires et ensemble.
©Nicolas Wormull & Ricard Estay
« Sorte de peinture murale moderne » (Kristian Petri en épilogue), Diaspora Letters construit des histoires sans fin, comme la vie, les faisant dialoguer finement, les frottant les unes sur les autres, afin de les faire bruisser, crisser, en tentant de donner, peut-être, une logique à ce qui généralement n’en a pas.
Où sommes-nous ? Que pensons-nous ? Où nous égarons-nous ?
Nous avons huit ans, notre nez saigne à seize, et les miroirs sont aveugles.
©Nicolas Wormull & Ricard Estay
Il fait froid et sec, il fait nuit atomique, il fait mélancolie.
Un lion d’albâtre pleure des larmes noires, un homme tient une fourche à quatre dents, on rêve de se retrouver dans un hôtel pour s’y embrasser sans fin.
Il y a la société de consommation, ici et là-bas, la corruption générale des valeurs, et les envies de pureté, le besoin de danser, le goût de la beauté.
©Nicolas Wormull & Ricard Estay
Portrait d’une humanité à bien des égards perdue – peut-en encore espérer vivre mieux, seul, à deux, ensemble ? y a-t-il même encore des lieux ? -, Diaspora Letters dit le désarroi et le désir, l’évidence et la complexité, la pesanteur et la recherche de grâce.
Nicolas Wormull & Ricard Estay, Diaspora Letters, text Kristian Petri, design Paulino Vivanco, André Frère Editions, 2021
©Nicolas Wormull & Ricard Estay
©Nicolas Wormull & Ricard Estay
©Nicolas Wormull & Ricard Estay
©Nicolas Wormull & Ricard Estay