Rennes, pavage de fiction, par Guillaume Zuili, photographe

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©Guillaume Zuili

L’univers de Guillaume Zuili est fictionnel.

Ses photographies pourraient être issues d’un film noir au scénario écrit par Georges Simenon.  

Sommes-nous dans la banlieue rouge de Paris, ou dans quelque village normand ?

Non, nous sommes dans un territoire rêvé situé en Bretagne, une ville fantôme où errer des nuits entières à la recherche de nous-même, ou d’une âme jumelle.

Ce pourrait être Rennes, rien n’est certain, tant mieux.

©Guillaume Zuili

Le papier de Et bientôt l’obscurité, publié par les éditions Contrejour, est épais, comme celui d’un album des années 1950.

Brassaï pourrait être là avec nous à le contempler, ou Prévert posant la fumée de sa pipe sur les images, page après page.  

Un train à remonter le temps nous a déposé sur des pavés noircis, il y a des enseignes anciennes et des ombres gigantesques.

Ici, même les tags contemporains paraissent datés d’un autre âge, la force des tirages évoquant la patine d’une mémoire ouverte à la confusion des époques.

Il a dû se passer bien des choses en ces lieux qu’observe en les inventant le promeneur à l’objectif.

Des secrets, des espionnages et des médisances, comme dans Panique de Julien Duvivier ?

Qui regarde donc derrière les fenêtres formant couperet ?

Quels drames cachés se sont joués ici ?

©Guillaume Zuili

L’atmosphère porteuse d’effroi n’est pourtant pas si terrifiante, ce sont les décors banals des vies ordinaires de toujours en Province, chabroliennes.

Des bruits de ruelles, un chat qui hurle, une ombre bizarre.

Des signes, pistes et fausses pistes.

Un héron, un garage, du fer forgé.

La présence fantomatique de Dédé la Bricole, et du Petit Prince. 

Pour accompagner ce livre d’atmosphère, Pascal Dessaint a inventé une nouvelle en douze stations.

On y lit ceci : « La contemplation des vieilles pierres ne nous apprend rien de nous-mêmes, ou alors il faudrait céder à la volonté des évidences. Jamais il ne faudrait fouler les pavés avec le cœur lourd de toute l’amertume de sa vie. »

©Guillaume Zuili

On peut regarder Et bientôt l’obscurité avec toute la profondeur de notre mélancolie, et pourtant ce n’est pas l’affliction qui l’emporte, mais la joie fine d’être devenu l’un des personnages d’une fiction aux contours indécis.   

Guillaume Zuili, Et bientôt l’obscurité, avec une nouvelle de Pascal Dessaint, conception éditoriale Dominique Gellé, Isabelle et Claude Nori, Editions Contrejour,2023, 72 pages

https://www.pascaldessaint.fr/Et_bientot_l_obscurite.html

lhttp://www.guillaumezuili.com/

https://www.editions-contrejour.com/project/et-bientot-lobscurite/

Exposition de Guillaume Zuili et Christophe Le Dévéhat, 6emes Rencontres Photographiques ViaSilva, Galerie d’art contemporain Net Plus, 35510 – Cesson-Sévigné, du 25 mai au 25 août

https://www.viasilva.fr/

Livre issu de l’initiative Territoire rêvé Bretagne, programme triennal de résidences, qui offre à six artistes – trois photographes et trois écrivains – d’explorer librement la géographie des lieux traversés pour créer une œuvre poétique reliant le visible et l’invisible se concluant par un livre

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