
©Pierre Faure
Chez Pierre Faure, tout regarde et se mire.
La mer regarde les montagnes qui regardent les gisants baroques de la Capella Sansevero de Naples.
Les tas de betteraves à sucre regardent les machines agricoles disparues.

©Pierre Faure
La plaine ensemencée regarde le désert du Sahara, ou les espaces d’herbes brûlées dans les toiles d’Edward Hopper.
Passe maintenant le fantôme d’un Indien dont l’âme a été capturée par Edward Sheriff Curtis.
Un essai de mur de séparation pose là, grotesque, lourd, méchant.
Voici une longue chevelure peinte à l’or fin (les images sont en noir et blanc et gris).

©Pierre Faure
Des sentinelles de pins.
A quoi sert désormais la piscine Tournesol du coin ? Peut-être de réservoir à pesticide, allez savoir.
Cet homme avec son chien, est-il chasseur, mari trompé ou simplement directeur financier en vacances ?
Il y a du dérèglement dans l’air, une bâche envolée, un trophée de cerf qui bouge.
Walker Evans est-il venu ici, dans le Midwest français ?

©Pierre Faure
La demeure bourgeoise ressemble à un tapis oriental, le tumulus a des rides, la quincaillerie fermée depuis longtemps est plus que jamais wonderfull, et les jeunes filles sont toujours aussi belles.
Dans les sous-bois, il y a des voitures abandonnées, des dieux couchés, des statues étêtées.
On se donne rendez-vous à la nuit tombée, c’est le dialogue du tablier de boucher, de la doudoune Husky, et des chaussures de sécurité.

©Pierre Faure
Tous les bars s’appellent Au bon Accueil.
Le dernier Texaco (Total) vient de fermer ses portes, c’est la tourbe inondée, c’est le secret, c’est le centre du monde.
Je ne sais pas où Pierre Faure a pris ses photographies, mais, s’il vous plaît, ne me le dites pas.

Pierre Faure, La plaine de César, texte Guillaume Jan, Sur La Crête éditions, 2022 – 400 exemplaires

©Pierre Faure
https://hanslucas.com/pfaure/photo

©Pierre Faure