De la matière à l’esprit, de l’esprit à l’âme, par Yamamoto Masao, photographe

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©Yamamoto Masao

Yamamoto Masao construit des paysages qui sont des mondes intérieurs.

Sa photographie est une vibration de silence, une onde profonde, une recherche de non-dualité.

Il y a de l’ascèse dans sa démarche, un grand calme, une façon de franchir doucement la frontière entre rêve et réalité.

©Yamamoto Masao

Accompagné par la musique méditative, d’essence shintoïste, du compositeur Alira Uchida, Kurayami, vint-et-unième volume des éditions IIkki, est un voyage de l’autre côté du miroir.

C’est un livre invitant à prendre soin de chacun de nos gestes, de chacune de nos pensées, de chacun de nos regards.

La nature y est souveraine, qu’il s’agisse d’un lac de montagne, d’une coulée de neige ou du buste nu d’une jeune femme fermant les yeux.

©Yamamoto Masao

En noir & blanc, et parfois couleur – la chromie est très délicate, presque effacée -, Kurayami établit un réseau de correspondances entre chaque image.

Y règne une perception de l’unité entre les vivants, et entre chaque forme créée.

Yamamoto Masao propose de nous élever, d’aller de la matière à l’esprit, et de l’esprit à l’âme.

Les symboles sont ceux du monde premier – lune, corbeau, pierre, nudité humaine -, qui sont des forces agissantes.  

©Yamamoto Masao

L’anthropocène est là, certes, mais le photographe voit plus loin, qui pense avant tout recréation, renouvellement des formes, dialogues neufs, et présences très anciennes.

Des brumes, des fumées, des fumeroles.

Des points de glace, des arbres squelettiques, un peuple végétal dans le lointain.

Une étrangeté organique poussant sur une agate, ou sur le bord d’un cratère gelé.

Yamamoto Masao ne s’en explique pas, mais son utilisation des techniques, primtives ou très modernes, permettant de souligner les forces de la nature, est une évidence.

©Yamamoto Masao

Tout est désert si l’on veut, mais tout est aussi d’une intense présence.

Des rais de lumière, le sillon des fesses d’une noble dame marchant vers la lumière, puis des traits horizontaux, ou courbes.

La géométrie n’est pas neutre chez le photographe, elle est une puissance solennelle transcendante amenant le spectateur à l’introspection.

La beauté, qui peut être terrible, intimide.

Des roches flottent, une forêt s’illumine, des étoiles tombent entre le corps de deux femmes nues.

©Yamamoto Masao

On voit des échassiers : sont-ils d’hier, d’aujourd’hui ou de demain ?

Le temps n’existe plus.

Eros est contenu, mais il éclabousse l’ensemble de l’univers, c’est le ki primordial.

De la mousse sur un squelette de bonzaï, une île, des structures végétales étranges.

Le microcosme est un macrocosme, le macrocosme est un microcosme.

©Yamamoto Masao

Le regard est désorienté, il faut basculer, respirer large, faire monter en soi le feu de la création.

Une fleur saigne, la perte de la virginité est une ouverture de fécondité, l’espace nous accueille, nous pénètre et nous jouit.

Un éléphant se promène dans nos veines, les aubes sont sublimes, il y a des oiseaux partout.

Toute lumière est une épée de vérité.

©Yamamoto Masao

L’aveuglement est notre destin.

Nous allons vers le noir, qui préserve le blanc. 

Yamamoto Masao, Kurayami, In Darkness, The Light, creative production management Yamamoto Reiko, directeur d’édition et de publication Mathias Van Eecloo, IIkki, 2023 – 2000 exemplaires numérotés

https://www.iikki-books.com/shop

Kurayami est le fruit d’un dialogue entre le photographe et le musicien-compositeur Akira Uchida ayant eu lieu entre septembre 2022 et mai 2023 – cd/vinyl disponibles

Yamamoto Masao est représenté à Paris par la galerie Camera Obscura

https://www.galeriecameraobscura.fr/artistes/yamamoto/artist_main_index.html

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