Montagne, pupille transparente, par Pauline Caplet, photographe

©Pauline Caplet

La montagne est si grande qu’elle pourrait m’avaler, de Pauline Caplet, est un livre de petit format, comme un refuge, comme une cabane, comme un corps où se blottir.

Cet ouvrage à la belle couverture brune à l’encre pailletée d’or est un écrin contenant des silences, des images de nécessité, des paroles fondamentales muettes.

C’est une déclaration d’amour, envers un compagnon, envers la puissance de la doulce nature, envers la vie.

Envers le tout, envers le rien.

Raplh Waldo Emerson, cité à la toute fin du volume, écrit : « Je deviens une pupille transparente, je ne suis rien, je vois tout, / les courants de l’être universel circulent à travers moi. »

©Pauline Caplet

©Pauline Caplet

Bien loin des artistes ne s’intéressant qu’à leur ego, Pauline Caplet cherche à comprendre sa place dans le chaosmos (Kenneth White), et à mener son existence comme on se dépouille des faux-semblants.

Voilà la Terre, c’est un œuf traversé de lumière, féconde, fécondée, à féconder.

Voilà la terre, les arbres, les sommets, les nuées.

Nous sommes au Paradis, mais l’image se déchire, quelqu’un a dû goûter de l’arbre du péché.

Appelle-moi Adam, appelle-moi Eve, croque-moi la pomme, croque-moi les yeux.

Désormais, le monde est à l’envers, les racines vont au ciel, qui sont d’un vert translucide.

©Pauline Caplet

Je t’écris une lettre mon amour, tu recevras un paquet de tendresse, et de larmes.

Je ne suis pas encore née, tu sais, et tout est si tranchant alentour de notre couple.

Creusons un trou de nos mains, enfouissons-y nos baisers, et nos plumes, et nos pattes mutilées.

Une Indienne aux yeux bleus ? C’est la photographe.

Une pluie d’étincelles ? C’est une apparition dans un tipi de bois.

Le grand dehors aux branches gigantesques comme des ailes de ptérodactyle nous appelle.

Je suis femme et t’offre mon masculin, comme tu m’offres, mon bel homme, tout ton féminin.  

©Pauline Caplet

On se retrouve parmi les grenouilles, on saute ensemble, on se dépiaute.

Le reste, c’est beaucoup de maléfice.

Il nous faut un abri pour exister, on appelle cela un corps, une demeure, un livre, une galerie d’art réussie où se rassemblent les amis.

Pauline Caplet, La montagne est si grande qu’elle pourrait m’avaler, graphisme Pauline Caplet, Antonio Jiménez Saiz & Collin Hotermans, autopublication, 2023

https://www.paulinecaplet.com/

Pauline Caplet, extrait de film Super 8

Exposition à la galerie Eté 78 (Bruxelles), du 24 septembre au 11 novembre 2023 – se renseigner pour les horaires

https://www.ete78.com/portfolio-item/pauline-caplet/

Pauline Caplet dirige par ailleurs la galerie L’Enfant Sauvage (Bruxelles)

Exposition actuelle : « Ici commence la nuit », Stéphanie Petitjean et Antonio Jiménez Saiz, du 28 septembre au 10 décembre 2023

https://www.enfantsauvagebxl.com/programme

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