Poétique du déplacement, par Gladys, photographe

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©Gladys

Je connais à peine la photographe Gladys, tant mieux, je suis neuf, je viens de naître.

J’ouvre la monographie que lui consacrent les éditions Contrejour, je fais connaissance.

Je découvre une personnalité inventive, malicieuse, une femme célébrant la grâce féminine, une adepte de la pureté des formes, une sensualiste merveilleuse.

Il y a visiblement des travaux de commande, pour des municipalités ou dans le domaine de la mode, et des photographies plus personnelles, d’impeccables mises en scène et des expérimentations (coloriages, découpages, collages).

On peut distinguer tout cela, mais tout est uni dans le disparate, porté par un élan de création et de déplacement très beau.

©Gladys

Du noir & blanc, des couleurs façon Guy Bourdin, des épures, des glissements surréalistes, des évocations néoréalistes ou façon Nouvelle Vague.

Des natures mortes, des portraits, des espiègleries.

La nature et la ville, l’animal et l’humain, le studio et les extérieurs, les accessoires et la nudité.

Gladys écrit son monde intérieur, c’est une scripteuse en images, les fantasmes lui échappent, touchent le spectateur, qui en nourrit son inconscient.

Je vois la modèle Isabelle Mège, un cheval blanc, un citron pourri, une pivoine, des visages japonais, une mouche, une poule sur une balançoire (Boubat in memoriam), des figues, une tortue, un gâteau d’anniversaire.

©Gladys

Ce sont des mots, des phrases, des ponctuations, des instantanés narratifs, des séquences finement construites, des fragments de contes.

J’apprends (textes de Matthieu Rivelin) que Gladys, qui a grandi à Oran, a voyagé/exposé aux Etats-Unis, au Japon, et un peu partout en France.

« Gladys, écrit-il n’est pas une photographe, mais une artiste qui expérimente et manipule la matière photographique. Au fil de ses séries, elle définit une ligne qu’elle s’empresse de faire obliquer vers autre chose. (…) Depuis le milieu des années 1970, la discontinuité et le hasard se muent en une forme de discipline dans l’œuvre de Gladys. »

Chez cette artiste, l’onirisme est à la fois délicat et sauvage, drôle et tendre.

©Gladys

Il y a chez elle un goût du monde et de la fantaisie la rapprochant des mystères et des joies de l’enfance.

Peut-être est-ce cela la polarité féminine traversant les genres : la franchise et les subtilités du corps, l’attention au moindre, la provocation sans cynisme, l’érotisme joueur, la conscience de la précarité de l’existence, la puissance du vivant dans le mouvement des formes.

Gladys, textes Matthieu Rivelin, coordination éditoriale Coline Olsina, choix des photographies et mise en page Gladys et Claude Nori, conception et réalisation de la couverture Isabelle Nori, Editions Contrejour, 2024

https://www.editions-contrejour.com/project_category/gladys/

Ouvrage publié avec le soutien de la Médiathèque du patrimoine et de la photographie (MPP) où Gladys a initié un processus de donation de son œuvre en 2021

https://mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr/

https://www.leslibraires.fr/livre/23499645-gladys-matthieu-rivallin-contrejour?affiliate=intervalle

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