Tokyo, théâtre de signes, par Emmanuel Régniez, photographe

©Emmanuel Régniez

« Ces photographies sont des traces, elles sont le témoin de mon passage à Tokyo, elles sont le témoin de ce qui a disparu ou disparaîtra – elles sont une empreinte, un vestige – et ces traces, traces photographiques, s’effaceront, se perdront, s’oublieront. » (Emmanuel Régniez)

On ne s’égare pas si facilement, il faut pour cela beaucoup d’intelligence, avoir le sens des circonstances, flairer le chemin de traverse, repérer un signe, un angle particulier, une différence, une variation.

©Emmanuel Régniez

Se perdre tout en chorégraphiant finement sa désorientation demande d’avoir l’oreille musicale.

Inspiré d’une composition de Marin Marais extraite de Pièces à une et trois violes (1717), Suite d’un goût étranger est un ouvrage d’Emmanuel Régniez dont l’action/non-action se déroule au Japon.

Les images de format carré sont en noir et blanc, le flou/non-flou domine, cette symphonie d’une grande ville est une cosa mentale.

©Emmanuel Régniez

Il y a des passagers, une impression de monde flottant, des formes archétypiques.

Des embarquements et des possibilités d’envol, de la terre et de l’air, des magasins ouverts sur la rue et des souterrains.

On aperçoit une lumière, une blancheur spéciale, quelque chose d’intrigant, on y va.

C’est bien ici l’empire des signes, n’est-ce pas ?

En ses photographies idéogrammatiques, Emmanuel Régniez entre dans le mystère même de la vie tokyoïte qu’il contemple : ce sont des lignes, des enseignes, des parcours, des visages, des écrans, des édifices, des arbres, des bouts de temples, tout un fouillis suprêmement organisé.

Ayant bénéficié du soutien constant du photographe poète Antonio Jiménez Saiz, Suite d’un goût étranger est aussi une histoire d’amitié.

©Emmanuel Régniez

« En fait, écrit en postface Emmanuel Régniez, je crois que la photographie est cet art qui permet au bonheur d’être triste, et au malheur d’être joie. »

On voit une scène, un élément dans le paysage, un être qui nous touche, on se retire en soi, on déclenche.

Apparaît alors la forme de nos désirs.

« Tokyo, poursuit l’artiste, était un théâtre dans lequel j’avais disposé des petites pierres blanches, comme autant de balises pour me souvenir. »

Ces petites pierres blanches, ce sont bien entendu des photographies.

Emmanuel Régniez, Suite d’un goût étranger, autopublication, 2024

https://www.instagram.com/emmanuelregniez/

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