Trashmania, vie de possédée, par Kourtney Roy, photographe

©Kourtney Roy

Se présentant sous format leporello de petite dimension – un peu plus grand qu’un livre de poche -, et couverture plastifiée orange, Trashissima, de Kourtney Roy, met en scène le personnage sexy et quelque peu vulgaire qu’aime à jouer l’artiste canadienne, s’épatant ici dans le vaste décor d’une Italie qui ne serait qu’une page de plus du magazine Vogue local.

Les lumières naturelles de la côte amalfitaine pourraient être celles d’un studio de cinéma.

Tout est vrai et faux, faux et vrai, la réalité est d’abord carnavalesque – d’ailleurs, il n’est pas certain qu’elle existe pour les ultrariches.

©Kourtney Roy

Trashissima est-il une satire de la société spectaculaire avancée/avariée : jouir dans les ruines polychromes du capitalisme ?

Kourtney Roy ne dénonce pas, son propos n’est pas directement critique, il est d’abord d’un rire s’étouffant de lui-même, du jeu avec les apparences, du plaisir d’incarner un personnage à la fois insupportable et sensuel.

Les nerfs s’agacent ou se détendent, l’artiste conserve les marques d’une féminité de séduction de porno chic, s’enlaidissant par ses perruques blonde platine et son maquillage outrancier.

Marilyn, sauve-nous, elle est devenue folle.

©Kourtney Roy

Comme souvent chez Roy, les références aux fantasmes et perversités hitchcockiennes abondent, mais le maître n’est plus ici qu’un réservoir d’images à réemployer/détourner.

Gant de cuir noir sur un torse en sueur et pubis nu couvert par des tartines de confiture.

Jambes écartées à deux pas des yachts de luxe et jus de fraise coulant entre les seins blancs.

Menant une réflexion sur les contours, pouvoirs et ridicules d’une féminité surexposée, Kourtney Roy, dont les talons hauts sont des accessoires superbes, exhibe en des atours et attitudes de parvenue trash le scénario d’une vie de possédée.