
©Simon Johansson
Après Across the bridge (la vie à la Suédoise, musicale, fraternelle, mélancolique) et A familiar place (Stockholm dans tous ses états, ses visages, ses folies, sa sensualité), The young ones (les enfants en leur dynamique de déplacement des repères et certitudes adultes), No man’s land est le quatrième livre de Simon Johansson publié par les éditions Journal.
Nous sommes ici sur l’île d’Öland avec les amis du photographe, agriculteurs et artistes, les vies de tous étant étroitement liées, entre travaux des champs et projets artistiques.

©Simon Johansson
Ayant quitté à regret ce lieu vécu comme une utopie concrète – une rupture conjugale semble en être la raison -, Simon Johansson a conçu No man’s land, tel un hommage, un hymne, un song à la gloire d’un territoire de grande richesse humaine – est gravée sur un vinyle éponyme la bande son qu’a imaginée l’artiste pour célébrer d’une autre manière son île.
Le vieux presbytère transformé en maison d’habitation familiale qu’occupait le photographe depuis trente ans a été vendue, et tout apparaît pour la dernière fois.

©Simon Johansson
La fête est finie ? Oui, probablement.
Il faut tout réinventer, repenser, et d’abord remercier.
Ce sera donc un livre, et un album musical.
La mélancolie est patente, impossible de la nier.
Dans un noir et blanc contrasté toujours superbe, Simon Johansson a conçu No man’s land – une phrase est écrite en morse, courant des couvertures à leurs dos : est-ce un appel à l’aide ? -, comme un déchirant au revoir.

©Simon Johansson
Une enfant à l’arrière d’une voiture, une table vidée de ses commensaux après un ultime repas, une femme endormie sur le canapé auprès de son chien, ventre et pattes en l’air.
Adieu les copains à vélo.
Adieu la petite voisine.
Adieu les déguisements de licorne sur l’île enchantée.
Adieu le chat.
Adieu la vie animale si réconfortante.
Adieu les spectacles au village.

©Simon Johansson
Adieu les jeux dans le sable.
Adieu les bains d’été.
Il pleut, les larmes ne cessent de couler.
Il est temps de partir, de se quitter, de se réinventer.
Il est temps de danser de nouveau, autrement, avec d’autres.

©Simon Johansson
Les rêves sont brisés.
L’art pourra-t-il être à la hauteur de la perte ?
Jusqu’à quel point la beauté d’un livre peut-elle soulager un cœur en peine ?
No man’s land dit, en des images de grande présence, l’absence irrémédiable.

Simon Johansson, No man’s land, editing ans design Gösta Flemming & Simon Johansson, texte écrit à la main Maria Jonsson, Journal Photobooks, 2023, 148 pages

https://www.simonjohansson.se/

©Simon Johansson
https://journal-photobooks.com/products/simon-johansson-no-mans-land

©Simon Johansson
Eloge de la ville de la capitale suédoise en ses multiples composantes, atomosphères, populations, Finissage accompagne l’exposition A Familiar Place ayant eu lieu au Stockholm City Museum du 11 septembre au 17 novembre 2024.
Réalisées à l’argentique moyen format et au Polaroïd, les photographies de ce très beau leporello sont à considérer comme un passeport : si vous les aimez, vous serez admis directement dans la nation de Robyn, Gustave II Adolphe et August Strindberg.
Vos nouveaux amis élèveront des oiseaux dans des appartements, danseront dans la rue, fumeront de façon sexy, poseront nus à la fenêtre de leur appartement, porteront des sacs sur la tête ou une girafe sur les épaules.
Vous pensiez peut-être que la Suède était un pays froid, de protestantisme sévère, de contractualisation des rapports humains, eh bien, comme moi, vous vous trompiez : c’est, vous le montre Simon Johansson, la patrie de la fantaisie, de la fraternité et de l’amour à tous âges.
En cas de coup dur, si je disparais des ondes, vous savez où me trouver.

Simon Johansson, Finissage, text Simon Johansson, editing, design, sequencing Gösta Flemming, sequencing Simon Johansson, final art Johan Lindberg, Journal Photobooks, 2024 – 100 exemplaires
https://journal-photobooks.com/products/simon-johansson-finissage