
©Nicolas Beigbeder
« On ne sait plus si ce sont des feux de joie ou des feux de détresse. » (Nicolas Beigbeder)
Il y a des fumées, des brumes, un brouillard de gaz lacrymogène peut-être.
Est-ce le début oui la fin du monde, un crépuscule ou une renaissance ?
Les coches d’enclenchement de la pellicule argentique ont la forme des boucliers des CRS d’aujourd’hui, ils protègent, oblitèrent, et révèlent, si l’on parvient à traverser leur trouble miroir.

©Nicolas Beigbeder
Nicolas Beigbeder, auteur d’images brûlées, a conçu l’incandescent Mémoires des moissons, qui est une dystopie croisant la contemporanéité des manifestations d’aujourd’hui (2023) et l’atmosphère lumineuse/étouffante de l’essai filmique de Chris Marker ayant la forme d’un photo-roman, La Jetée (1962).
Son fanzine est une dystopie : un ministre d’un gouvernement futur contraint les citoyens à brûler dans un grand brasier collectif les photos de leur passé, ne les autorisant à garder que leur propre portrait.
La preuve des liens de jadis n’existe plus, la solitude règne, la fraternité est un mot creux.

©Nicolas Beigbeder
Mais la résistance s’organise, et, cachés dans des souterrains, quelques indociles tentent de récupérer dans les cendres le souvenir d’un passé détruit.
La matière accidentée et les effets de superposition des images de Mémoire des moissons, en bas desquelles s’inscrivent des phrases manuscrites narrant de façon elliptique l’histoire d’un autodafé inédit, sont comme des rayures sur la moire de notre psyché.
On se rassemble autour d’un feu de poubelles, on cherche le soleil à travers la suie, on perd la notion du temps.
Pas de visages, mais des silhouettes, la clandestinité est de mise dans la transparence obligatoire d’un futur totalitaire.
Les émeutiers.ières sont peut-être des saint.e.s, allez savoir.
Qui a dit que le sacré ne brûlait pas ?
Depuis quand avons-nous perdu le sens de l’unité et du combat en commun ?

©Nicolas Beigbeder
Comment reprendre vie ?
Mémoire des moissons expose l’effacement et la réinvention de l’archive.
On meurt de manquer le présent, en ne supportant plus le passé.
Demain, maintenant, l’IA refaçonne.ra nos souvenirs, par nature mouvants.
Demain, maintenant, les polices au pas des gouvernements dictatoriaux tentent.ront de nous enfermer toujours davantage dans leur ordre mortifère.
Demain, maintenant, Mémoire des moissons le suppose, des individus se lèvent contre, pour, avec.
On porte un masque, on traverse l’air fétide, et l’on reconstruit un royaume.

©Nicolas Beigbeder
Avec toi, toi, et toi – dernière image en couleur montrant la chevelure rayonnante d’une femme de dos.
Son centre ? L’amour sans cause, qui est le foyer ardent de toute chose persistant dans le génie de son être.

Nicolas Beigbeder, Mémoires des moissons, conception graphique Hugo Amenouche, autopublication, 2023

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Contacter l’auteur : https://www.instagram.com/not_frederikson/