Une famille palestinienne

©Habibi – mon amour

Des visages, des regards, des corps, des attitudes.

La guerre à Gaza, qui est une guerre contre Gaza, se poursuit, dans une stratégie d’invisibilisation – des drames, des désespoirs, des parcours individuels dans le chaos – qui est terrifiante.

On ne voit rien, on ne sait presque rien, les journalistes sont assassinés.

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Avec l’aide d’une famille palestinienne réfugiée en Belgique, Dominique Chavanne a construit un fanzine qui confère enfin une réalité à un peuple persécuté.

La couverture montre quatre femmes, habillées en tenue traditionnelle, et une petite fille : il s’agit d’une photographie retrouvée, lors du cessez-le-feu de mars 2025, par le père de Fidaa – accueillie dans la région de Namur avec ses quatre enfants – dans les décombres de sa maison située à Rafah.

Il s’agit des portraits, effectués en 1992-1993, de Fidaa elle-même, de ses deux grands-mères et de ses sœurs.

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La deuxième page est un collage réalisé par Rosalie, la petite-fille de Dominique Chavanne.

Précieux, ce fanzine circulant entre Gaza, la Belgique et la France (Bretagne) est un acte de paix, un geste politique modeste, un effort de résilience.

On voit une tente aménagée pour dix-huit personnes, enfants et petits-enfants, des rais de lumière, des sourires.

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Les photographies – en couleur – sont envoyées par les sœurs de Fidaa, mais tous les visages n’apparaissent pas, les yeux sont trop grands, la faim dévore la peau.  

Aucun apitoiement, mais la force de vivre malgré tout, pour les enfants, pour Dieu.

Voici Fidaa et ses enfants, manifestant la joie d’être ensemble, de jouer à FIFA, de se tenir groupés, corps à corps.   

Derrière eux, affichée sur le mur, une leçon de français, le début de l’intégration.

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« L’adjectif s’accorde en genre et en nombre avec le nom. »

Une carte de l’Empire d’Alexandrie, des noms écrits en gros (Babylone), en moins gros (Tyr), en plus petit encore (Palestine).

Après un an de démarches, Dominique Chavanne est parvenue à faire venir en Belgique Fidaa, passée par l’Egypte avec l’aide de l’armée belge, où elle a retrouvé ses enfants, et a divorcé d’un mari qui l’avait piégée.

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Les enfants apprennent à nager, jouent à la plage, font des parties de UNO, vont au cinéma, rient, une solidarité entre Palestiniens exilés se met en place, un keffieh sèche avec le vent.

Les enfants sont omniprésents, ils sont l’avenir, le sens de tout, le pur présent.

On n’est pas en Palestine, c’est moins bien, mais c’est vivable, et les enfants sont sauvés.

Leur arrière-grand-mère, ayant subi quatre-vingts ans de déportation, du lac de Tibériade à Gaza, en a eu assez, elle s’est laissé mourir.

Dominique Chavanne, Habibi, autopublication, 2025

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contacter l’auteure : https://www.instagram.com/domichavanne/?hl=fr

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