Journal érotique d’une Japonaise, par Fumiko Iwanaga, photographe

©Fumiko Iwanaga

« Il fait nuit et on attend un visiteur. Soudain, on est surpris par le bruit des gouttes de pluie que le vent souffle contre les volets. » (Sei Shonagon)

Ne surtout pas entrer dans la compétition, en cherchant à savoir qui sera le plus beau, la plus belle, mais créer ensemble un merveilleux royaume.

Somptueuse, Fumiko Iwanaga ne distingue pas entre son corps, les fleurs et les divers objets qui l’entourent.

©Fumiko Iwanaga

En noir & blanc, et couleur, les photographies de son livre autopublié à Berlin, Mono Awase, relèvent d’un érotisme général qui est célébration des chairs, matières et formes du monde qui entourent l’auteure.

La mise en scène ne nuit pas à la spontanéité, elle la prépare.

En ses autoportraits, Fumiko Iwanaga fait dialoguer les différents stades de sa nudité avec le parquet, le crépi du mur d’un appartement, un canapé, une robe entrouverte.

©Fumiko Iwanaga

La sensualité est omniprésente, qui est un éloge du vivant comme fécondité et puissance d’invention.

Le mono awase est dans la tradition japonaise un appariement par couple de choses, dans une poétique générale associant littérature et corps, tatami et culotte, bas de soie et chaise, pâtisserie et tétons, muguet et pubis, vin et porte-jarretelles.

Un livre est posé sur les cuisses de la photographe, pousse audacieusement placé sur une zone de plaisir caché par le texte, le spectacle peut commencer.

En un quasi-huis-clos, l’artiste japonaise révèle l’étendue de son talent de compositrice visuelle, de son imagination, de ses fantasmes.

©Fumiko Iwanaga

Fleurs séchées et lèvres vives.

Il y a de la drôlerie quelquefois, quand s’opère la rencontre entre les fesses de la photographe et une lampe d’architecte quelque peu inquisitrice.

Pénombre et coquillage.

Cheveux coupés et orteils vernis de rouge.

Dialogue du corps et de la lumière, démarche féline, jeu avec une cerise mise en bouche. 

Mais quelles sont donc, pour la dame de cour et de lettres Sei Shonagon (fin du Xe siècle) comme pour la femme aventureuse, les choses qui font battre le cœur plus vite ?

©Fumiko Iwanaga

« Dormir dans une pièce où l’on a brûlé de l’encens fin. » ; « Se laver les cheveux, faire sa toilette et revêtir des robes parfumées. »

Même si personne ne nous voit.

D’autant plus si quelqu’un nous voit.

En son œuvre de grande intimité, Fumiko Iwanaga rend hommage à toutes les femmes qu’elle a connues, rappelant contre l’empire du numérique dévoreur de substances, le poids et la splendeur de la chair, légère, sauvage, pleine de désirs.    

Fumiko Iwanaga, Mono Awase, textes Sei Shonagon, Fumiko Iwanaga, autopublication, 2021

Joindre la photographe : https://www.instagram.com/texturalcomposition/

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