Vercors, pour une poétique de la nature renouvelée, par Benjamin Bechet, photographe

©Benjamin Bechet

« Suivre les forestiers, les naturalistes, les chasseurs… Remonter les coulées jusqu’aux couchettes. Se demander qui parle à qui ? Profiter d’une orée pour observer les pionniers. Epier les oiseaux comme on regarde des enfants qui s’égayent, les connaître tous par leurs prénoms. Voir le paysage changer comme le visage d’une amie qui vieillit avec moi. Eduquer l’attention, rencontrer le clan. » (Benjamin Bechet)

Publié sous très belle couverture entoilée dont les motifs donnent le sentiment d’un enchevêtrement végétal créé au pochoir, Le Clan, de Benjamin Bechet, est un hommage au Vercors.

L’approche est à la fois scientifique et poétique, montrant des paysages, des exploitants forestiers, des paysans, des ornithologues, des observateurs multiples de la vie naturelle.

Comment préserver sans fossiliser ?

©Benjamin Bechet

Comment être à l’écoute des massifs boisés et des montagnes, déplacer quelque peu les lignes tout en restant attentif aux infinies interactions entre les éléments du vivant ?

Comment ré-ensauvager sans provoquer des déséquilibres ?

Comment ne pas disjoindre nature et culture ?

La réponse de Benjamin Bechet est un livre mesuré, noble, de grande sobriété.

Les images, souvent de format carré, sont en nuance de gris, le calme règne, propice à la contemplation comme à la réflexion.

©Benjamin Bechet

Ce sont des témoignages d’épiphanies douces.

En introduction, Gary Snyder, magnifique poète, est cité.

Texte « Quelques points pour une poétique de la nature renouvelée », tiré de Le Sens des lieux : éthique, esthétique et bassins-versants (éd. Wildproject, 2018) : « Qu’elle ait Coyote pour totem – le fripon, le trickster, toujours ouvert, aux formes changeantes, donnant ses yeux aux autres êtres qui entrent et sortent de la mort en plaisantant avec le côté obscur. »

Un homme randonne, virgule avançant dans un territoire grandiose.

Traverse un squelette d’arbre.

Entre dans la nuit.

©Benjamin Bechet

Découvre des fermes.

Pénètre dans une étable.

Entend le bruit d’une tronçonneuse.

Contemple un cheval blanc en train de paître.

Des promeneurs, des bûcherons, des chasseurs, fusil baissé.  

©Benjamin Bechet

Happeaux, feuilles trouées, neige.

Feu de joie, bric-à-brac du naturaliste amateur, mare.

Benjamin Bechet montre le Vercors dans la pluralité de ses aspects, plateaux, arbre gelé, armes.

On y travaille, on y guette le gibier, on s’y perd.

Un cerf est étendu, mort, recouvert de givre, dans une surface aqueuse.

On a abattu des brebis, Le Clan n’est pas une pastorale, et pourtant.

Un cheval à peu près solitaire se repose en avant-plan sur une lande immense surmontée de cimes embrumées.

Des naissances animales, du soin, de l’attention.

©Benjamin Bechet

De l’étrangeté, des détails, des visages graves.

Des skieurs, des bergers, des herbes couchées.

Des loups ont attaqué, une chouette a rejeté ses pelotes, un paléontologue étudie les racines d’un chablis.

Le photographe ne simplifie pas, mais offre à son lecteur/regardeur un monde multiple, comme un cosmos, comme un clan.

Benjamin Bechet, Le Clan, texte Benjamin Bechet, concept and design Atelier Muesli, André Frère Editions, 2025

©Benjamin Bechet

Ouvrage soutenu par Le Parc naturel régional du Vercors

https://www.andrefrereditions.com/livres/photographie/le-clan/

©Benjamin Bechet

https://benjaminbechet.com/

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