La voix d’Hélène Cixous, par Colin Lemoine, écrivain

©Adel Abdessemed « Je me dis souvent que si nous parvenions à lui donner forme et couleur, notre parole ressemblerait aux corps astraux des tables tournantes ou aux ectoplasmes surgissant des bouches occultes ainsi que des giclées de fleurs, des grosses bulles de chewing-gum, des vapeurs épaisses de fumée ou des chrysalides soyeuses. Parler : expectorer. » (Colin…

Un nouvel amour du langage, par la revue de littérature Aventures

James Joyce, 1928, par Berenice Abbott « L’intensité de la sensation détruit l’ordre. » (Georges Bataille) Paraît la troisième livraison – sous couleur orangée – de la revue de littérature Aventures, et c’est une joie renouvelée. Les écrivains sont seuls, ou à peu près, mais il y a la fraternité des revues, ces laboratoires textuels tentant par…

Trouver la nécriture, par Hélène Cixous, écrivain

Le Colosse, après 1808, Francisco de Goya « Où est-il, ces jours-ci, l’être, ou elle, qui donne souffles et cris aux massacrés ? / Je suis à la porte. Je ne sais de quel côté » (Hélène Cixous) Il faut une folie d’écriture, sinon quoi ? Des hantises, un savoir du non-écrire, une connaissance des gouffres, sinon quoi ? Il est…

Femmes brûlantes, par Hélène Cixous, écrivain

Méduse, 1917, Egon Schiele « Je parlerai de l’écriture féminine : de ce qu’elle fera. Il faut que la femme s’écrive : que la femme écrive de la femme et fasse venir les femmes à l’écriture, dont elles ont été éloignées aussi violemment qu’elles l’ont été de leurs corps ; pour les mêmes raisons, pour la même loi, dans…

Retour en Argentine, par Frederika Amalia Finkelstein, écrivain

©Frederika Amalia Finkelstein « Ce livre est une déclaration d’amour et de peur à la vie, à la mémoire, à mon enfance. » Qu’y a-t-il dans un nom (William Shakespeare, Herman Melville, Jacques Derrida, Hélène Cixous) ? Qu’y a-t-il dans la mélancolie ? Qu’y a-t-il dans le silence avec lequel on écrit, ou joue du piano (Glenn Gould) ? Argentine…

Le Grand Incendie, par Hélène Cixous, écrivain

Grande Synagogue d’Oran « Il me vient à l’idée que je suis moi-même un cimetière, un vaste territoire mental où sont accueillis des hôtes venus de tous les temps, de toutes les langues et variétés sexuelles. Ces voyageurs sont unis par la même question qui ne cesse de les travailler : qu’est-ce que juiffer ? » (Hélène Cixous) Beaucoup…

Frappé(e)(s) à l’âme, par Hélène Cixous, écrivain

Une taupe « Parfois, rarement, il se produit une sorte de court-circuit : on se trouve simultanément dans les deux pays, celui de l’existence et celui de l’au-delà, cette double expérience est la pire des souffrances pour le sujet, le je ne sais pas où donner, de la tête, du sens. » Pour comprendre le drôle de titre…

Examiner, réexaminer, par Simon Hantaï, peintre

Ecriture rose, 1958-1959, encres et feuilles d’or sur toile 330 x 425 cm, Paris, Centre Pompidou, Simon Hantaï ©ADGAP, Paris, 2022 « L’art est témoignage de plus en plus véhément de la terreur sacrée, origine de toute expression créatrice. L’essence religieuse réapparaît impérieusement, opposant le Savoir au courant moral laïque. » (Simo Hantaï, 1956) Peintre hongrois venu…

Le visage comme plurivers, par Gilles Pandel, photographe

©Gilles Pandel « A la moitié du chemin de la vraie vie, nous étions environnés d’une sombre mélancolie, qu’ont exprimés tant de mots railleurs et tristes, dans le café de la jeunesse perdue. » (Guy Debord) Catalogue éponyme de l’exposition ayant eu lieu à Toulouse à l’automne 2021, Ce que je vis présente l’œuvre de Gilles Pandel,…

La morale est un mensonge, par Thomas Bernhard, écrivain

« Le psychiatre est le plus incompétent des médecins, et il est toujours plus près du crime sadique que de la science. Toute ma vie, ce dont j’ai eu le plus peur, c’est de tomber entre les mains des psychiatres, en comparaison desquels tous les autres médecins, qui sont en fin de compte toujours funestes, sont…

Un bassin initiatique, par Chantal Thomas, écrivain

« Il y aurait d’un côté les filles fusionnelles avec leur mère, éperdues de caresses et de mots tendres. De l’autre, les filles amoureuses de leur père. Celles-ci sont vigilantes et distantes. Gardiennes d’un secret qu’elles savent partagé. » La collection qu’a conçue et que dirige Colette Fellous au Mercure de France, Traits et Portraits, repose sur…

No one is innocent, par Adel Abdessemed, plasticien

Retracer l’histoire d’un artiste majeur en étudiant l’iconographie de ses cartons d’invitation, l’idée me plaît beaucoup, qui est celle des éditions Marval-rueVisconti dirigées par Juliette Gourlat et Jean-Noël Flammarion leur consacrant un livre de belle facture, très stimulant intellectuellement. L’artiste d’envergure internationale, d’origine algérienne – né en 1971 à Constantine – vivant en France depuis…