La casquette de Gadda © Philippe Bordas « Carlo Emilio Gadda est ce passant discret, invisible au piéton français comme aux foules italiennes abandonnées à la stupeur de l’après-Berlusconi. Né en 1893, avant le déferlement des radios, mort en 1973, avant le déchaînement numérique, Gadda a brûlé sa vie à l’élaboration d’un verbe souverain, comme s’en…
Étiquette : Leopardi
Peindre la vie coite, Giorgio Morandi, par Bruno Smolarz, écrivain
« Il y a dans le paysage morandien l’application et la passion de la de la matière brute que l’on trouverait dans la représentation d’un nu, sans l’engagement de l’émotion immédiate. » Dans le vacarme et l’idiotie des punchlines de l’entre-deux tours des élections présidentielles, dans le désir de mort revenu en Europe, dans la novlangue sanitaire…
Histoires du petit bossu, par Muriel Pic, écrivain
Karl Blossfeldt « Les timbres ont longtemps été les images que les Etats déposaient dans les chambres des plus petits pour leur raconter l’histoire des gloires et des nations. Maintenant, les enfants la découvrent sur internet. La philatélie n’intéresse plus personne. Les timbres ne sont plus que les restes d’un monde en train de partir, prêt…
Jean Paulhan et Henri Pourrat, une amitié en toutes lettres
« Si l’homme ne reste pas en liaison avec les choses naturelles, il se déshumanise. » Effet de la terreur sanitaire actuelle, j’ai reclassé plusieurs pans de ma bibliothèque – celle du bas, deuxième porte à gauche -, et rassemblé en bonne place quelques livres de Jean Paulhan, d’abord Les fleurs de Tarbes (mais attention,…
Zibaldone di pensieri, les miscellanées de Giacomo Leopardi
« La pensée qui nous occupe ici n’est pas académique, et un « peuple de philosophes » éprouva toujours quelque difficulté à reconnaître un pair supérieurement étranger à sa communauté. » (Bertrand Schefer) De 1817 à 1832, Giacomo Leopardi écrivit son journal intellectuel, recueil impressionnant de pensées de tous ordres – 2398 pages dans…
L’Hexaméron d’Italo Calvino, six leçons pour traverser le siècle
Les Anciens, au moment d’inventer leur poème, invoquaient la Muse, cette puissance ordonnatrice, cette gardienne de la Mémoire, parce qu’arracher un fragment au tout racontable nécessitait quelque précaution, quelque protection, quelque force supérieure. Quand tout est devenu arbitraire, il reste aux Modernes la teinte de l’ironie, parfois sublime, comme chez Robert Musil, dont voici l’incipit…