« La reine du cirque montrait une beauté à gros grains, portant sur sa crinière le minuscule château en strass d’une couronne. Un commis troussé de rouge frôlait le rutilement d’un phoque. Dans l’obscurité adultère, une mondaine se levait et gagnait les coulisses. Pleinement nue sous son manteau de fourrure, elle s’offrait au dompteur dans sa…
Étiquette : Mercure de France
Une vie en musique, par Philippe Cassard, pianiste
Le jardin du Luxembourg, 1905, Félix Vallotton « Je pourrais, aujourd’hui encore, décrire le son et la couleur de chaque note des deux récitals que Vladimir Horowitz a donnés à Paris à l’automne 1985. » Pour la belle collection de récits autobiographiques dirigée par Colette Fellous au Mercure de France, « Traits et Portraits », le pianiste, musicologue, critique,…
Juste un corps, par Claude Arnaud, écrivain
Photomaton, collection de Claude Arnaud « Je peux énumérer les causes qui précipitèrent la Seconde Guerre mondiale, non celles qui me valurent une hernie hiatale. » (Claude Arnaud) Comme me l’écrit aujourd’hui le peintre et graveur Roland Sénéca, dans un courrier posté accompagné d’un dessin : « Vous verrez quand vous serez vieux, c’est formidable une vie de vieillard,…
Tina Modotti, révolutionnaire, photographe, amante sublime, un roman graphique par Marie-Claude Chauveau et Marie Ciosi
« Tina Modotti, ma sœur, tu ne dors pas, non. » (Pablo Neruda) Tina sur l’azotea (1924) est l’un des plus beaux nus de l’histoire de la photographie. Regardée par Edward Weston, la jeune modèle née en 1896 à Udine en Italie, photographe débutante arrivée à Mexico sur la recommandation de son mari, le peintre anticonformiste Roubaix…
Kenneth White façon comic strips, une poésie nomade
Après On ne peut vivre qu’à Paris (Editions Rivages, 2021), série de vignettes dessinées façon ligne claire, mettant en scène le philosophe Cioran pérégrinant à Paris tout en élaborant quelques méditations définitives, Patrice Reytier s’est emparé des phrases du poète et essayiste écossais vivant en France (Bretagne Nord) Kenneth White. Le principe est tripartite, comme…
Le futur immédiat, par Philippe Sollers, écrivain
Je pense souvent à cette phrase que m’a confiée un jour Catherine Millot : « Philippe Sollers est quelqu’un qui rend libre. » Lisant l’auteur des Folies françaises depuis mes quinze ans, ayant en outre découvert par la suite la plupart des numéros des revues Tel Quel et L’Infini, je ne peux que souscrire à un tel jugement,…
Un bassin initiatique, par Chantal Thomas, écrivain
« Il y aurait d’un côté les filles fusionnelles avec leur mère, éperdues de caresses et de mots tendres. De l’autre, les filles amoureuses de leur père. Celles-ci sont vigilantes et distantes. Gardiennes d’un secret qu’elles savent partagé. » La collection qu’a conçue et que dirige Colette Fellous au Mercure de France, Traits et Portraits, repose sur…
1937, une année particulière, par Paul Léautaud, écrivain
Je ne sais pas vraiment pourquoi je continue à lire Paul Léautaud. Pour le monument qu’est son journal littéraire (18 tomes, sans compter les contre-allées) ? Pour sa défense inconditionnelle des bêtes, qu’il recueillait volontiers dans son pavillon de Fontenay-aux-roses ? Pour ce qu’il révèle d’un certain esprit français, entre pointes brillantes et bassesses (antisémitisme, attitude pro-allemande…
L’amour sur feuille de papier, par Claudine Brécourt-Villars, érotophile
« L’avenir, écrit Louis-Ferdinand Céline en 1932 dans Voyage au bout de la nuit, je vois comment qu’y sera… Ça sera comme une partouze qui n’en finira plus… Et avec du cinéma entre… Y a qu’à voir comment que c’est déjà ! » Il y a des livres qu’on ne lit que d’une main, ou,…
Derrière un Vittel-menthe, par Didier Blonde, écrivain
« Il m’arrive, parfois, à peine entré, de ressortir. Non, je le vois bien, ici, n’est pas mon genre, pas de place qui me convienne, trop de bruit, de lumière, de musique, de télévision, de soliloques au téléphone, je ne m’y reconnais pas, aucun visage qui me retienne, un coup d’œil m’a suffi, allons voir…
Vous avez dit Deauville ? quinze nouvelles au Mercure de France
François Bott :« des visages soucieux, hâves et décavés » / « un peu de thé, ma chère ? » Belinda Cannone : « spectacle » / « indolence générale » / « temps suspendu » / « joyeuse mélancolie » Arnaud Cathrine : « Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant » Régis Debray : «…
L’objet brille dans le fantasme, par Gwenaëlle Aubry, Mohamed El Khatib, Vincenzo Sorrentino
Je n’ai pas trop réfléchi, j’avais besoin de secours. J’ai pris trois livres, au hasard, en espérant que ce soient les bons. Pas forcément les plus glosés ou les plus vendus, la littérature, l’écriture, la philosophie, ne se jugent pas au nombre de médailles reçues lors des comices agricoles. J’ai cherché des phrases, j’ai lu…