Des étés à la plage, par Alexandre Hollan, peintre

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© Alexandre Hollan

Vous l’avez peut-être remarqué comme moi, je ne sais pas, mais ces temps-ci l’atmosphère est un peu tendue, dans la rue, sur les réseaux, à la maison, entre les hommes et les femmes. Sur terre, sous terre et dans le ciel. Dans les océans, les terminaisons nerveuses, les esprits, les matraques.

Pour alléger quelques instants l’ambiance, je vous propose de partir en vacances. C’est l’été, nous sommes sur une plage non loin du Pont du Diable, impressionnant édifice enjambant l’Hérault, tout va bien.

Nous sommes beaux, nous le sommes moins, ou plus. Peu importe, c’est la démocratie des peaux sous le soleil, la fraternité des serviettes de bain, l’égalité des petits et gros bourrelets.

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© Alexandre Hollan

Le Pont du Diable est un lieu, mais c’est aussi un ensemble de croquis effectués par Alexandre Hollan de 1990 à 2010, publiés sous un beau format de carnet à spirales par François-Marie Deyrolle à L’Atelier Contemporain.

On connaît Alexandre Hollan pour la majesté de ses arbres regardés comme de véritables personnages, des personnes. Aussi ces petits dessins faits sur le vif par un homme ne pouvant s’empêcher de rencontrer le réel par le trait seront-ils une découverte pour presque tous.

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© Alexandre Hollan

Le Pont du Diable se situe à l’entrée de Saint-Guilhem-le-Désert, dont Bernard Plossu a fait un livre.

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© Alexandre Hollan

Désormais, le voici associé à des formes de presque rien disant tout le carnavalesque et la douceur de notre condition.

La vitesse de vue s’accompagne d’une vitesse d’exécution.

Une mère tenant son bébé – qui porte un chapeau.

Des casquettes, des lunettes de soleil.

Des corps étendus, assis, de côté, de dos, de face.

Géographie amoureuse des apparences.

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© Alexandre Hollan

Des jeunes hommes, des filles, des grands-parents.

Des cigarettes, des livres.

Hollan n’est pas un caricaturiste. La déformation de la figure humaine ne l’intéresse pas, plutôt la tendresse que dégage chaque silhouette.

La beauté de ses dessins provient de la rencontre entre une forme de nonchalance et la fermeté de la main qui informe la page.

Yves Michaud, préfacier de l’ouvrage, précise : « A son échelle, avec le même caractère populaire, cette plage a été pour Alexandre Hollan un peu comme La Grande Jatte de Seurat. Sauf qu’ici, près de Lodève, torpeur et habitudes de bronzage aidant, les personnages pensifs de Seurat deviennent des silhouettes couchées, écrasées par la chaleur et le farniente. »

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© Alexandre Hollan

En dessinant, Hollan accomplit son humanité. D’autres dorment, nagent, discutent. Lui, imperturbablement, dessine.

Hollan est un peintre de la soustraction. Chez lui, le plein naît du vide, et d’une volonté d’épure, dans une recherche de l’essentiel.

Aucune leçon à donner, rien à prouver, juste être là comme un homo sapiens à peu près évolué avec ses outils de peu parmi les autres.

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© Alexandre Hollan

Alexandre Hollan, Au Pont du Diable, Croquis 1990-2010, préface d’Yves Michaud, L’Atelier contemporain, 2018 – 700 exemplaires

Editions L’Atelier contemporain

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Se procurer Au Pont du Diable

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