
Tous masqués, les amis, tous gentiment moutonniers, tous généreux et responsables bien sûr.
Tous cloîtrés en soi, tous apeurés, tous méfiants.
Tous adeptes de la grande santé, et des petits gestes barrières.
Tous en gris, grisés, grisonnants, biffés, radiés, s’exécutant, exécutés.

Les villes et les vies sont toutes les mêmes, peut-être, mais elles sont en couleur chez Benoît Guillaume, artiste marseillais, maître de l’aquarelle et du crayon gris, de la vie immédiate et du grand dehors.
A son actif, des bandes dessinées, des recueils de dessins, des films, de nombreuses expositions.
J’ouvre deux de ses derniers cahiers de voyages, je respire, je retrouve le vif du monde, des rues, des encombrements végétaux, de la matière.

Il y a du volcanique chez Benoît Guillaume, qui doit être un grand calme.
Il y a le goût des choses, des matières, des formes, la grande valse permanente des êtres et de la métamorphose de l’un en l’autre et de l’autre en l’un.
Saisir par le bout du crayon virevoltant la permanence d’un vaste souffle de vie dans l’impermanence constitutive du manifesté, à Bangkok, à l’Estaque, à Tétouan, en Birmanie, en Espagne, à New York.
Traverser tout cela avec les yeux, les sens, les instruments du dessin dans la faveur du destin, au Japon, en Egypte, au Canada, en Algérie, en France.

Fixer sur la page des vertiges, marcher, prendre des bus, s’arrêter dans une friche, une jungle, une rue, observer le spectacle du pleinement vivant.
Ne pas hiérarchiser, mais être à l’écoute des flux de vie, ici et là.
D’ailleurs, pour l’artiste, comme le pensait Alain Jouffroy, c’est partout ici.
Des architectures, de la musique, un café à Rangoun, un ciel tempétueux au-dessus des îles du Frioul.

La mer méchante, une végétation hors contrôle, des félins hirsutes et doux comme chez Gauguin.
Et toujours, l’amer de Marseille, de son port, de ses constructions, de Mucem-les-Bains, Belsunce, la Joliette (Marseille ou pas Marseille ?), les Catalans, Malmousque, le fil continu de la vie intense dans le plus simple.
Le peuple, le travail, la rencontre, et le goût de l’otium.
Aucune parole, mais le beau bruit du monde.
Benoît Guillaume, L’Année de la carpe, 2018
Benoît Guillaume, Les Villes sont toutes les mêmes, 2015
Site : benoitguillaume.org

Pour toute demande et achat, contacter : benoitguill@gmail.com
Merci pour cette découverte !
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