
J’avais envie de rendre hommage à Gilbert Garcin, mort en avril à 90 ans, mais je ne trouvais pas la forme.
Me plaisait bien sûr l’histoire de l’entrepreneur en luminaires entamant à la retraite, après un stage en 1992 avec Pascal Dolémieux aux Rencontres d’Arles, une œuvre fulgurante de fantaisie surréaliste : de petits personnages de papier placés sous un projecteur dans un cabanon transformé en studio, quelques cailloux, du sable, des bouts de ficelle, l’art du photomontage en noir et blanc porté à la perfection, la nécessité de prendre son temps (environ trois cent cinquante images en vingt ans).
Avec trois fois rien, Gilbert Garcin le prestidigitateur ayant rassemblé dans une valisette l’ensemble de ses ustensiles a construit une œuvre de poésie de dimension métaphysique, questionnant l’absurde de l’existence à la façon d’un Sisyphe surgi d’un film de Jacques Tati.
Sous le nom de Monsieur G, ou Mister G, il apparaissait invariablement dans ses images, accompagné de son épouse Monique jusqu’à sa mort, incarnant la grâce de vivre et la solitude.

Je cherchais donc à rendre hommage à Gibert Garcin, quand j’ai eu connaissance du travail du Marocain Amine Oulmakki, vivant dans le quartier de l’Océan à Rabat, jeune auteur ayant découvert en 2014, lors de l’exposition Autofiction à l’Institut Français de sa ville, l’œuvre de l’homme au pardessus impeccablement boutonné – exposé par Bernard Millet (commissariat) aux côtés de Safaa Mazirh.
A partir d’albums photos de sa famille et de photographies orphelines trouvées dans un studio abandonné, Amine Oulmakki questionne dans des photomontages inventifs sa place dans sa constellation familiale et le monde.
La série s’intitule Espace de fiction.
N’est-elle pas d’essence garcinienne ?
En voici quelques images.







Décourvrir le dernier work in progress d’Amine Oulmakki présenté dans le magazine Diptyk
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