La promesse, la vie à deux et trois, par Marilia Destot, photographe

La promesse, ensemble de trois carnets photographiques sous coffret, est la première publication de Marilia Destot.

Composé selon un principe éminemment musical d’images de formats différents, de silences de blanc, d’ellipses, chaque volume de cette trilogie est accompagné d’un texte écrit en toute liberté, par Dominique A, Sabine Huynh et Keren Ann.

Feuilles détachées du journal d’une douce odyssée intime narrée en photographies depuis vingt ans, La promesse est un serment, au couple, à l’enfant à venir, au monde.

C’est une affirmation, une confirmation, un acte performatif.

Marilia Destot nomme « roman poème » cet ensemble d’images aussi personnelles qu’offertes à l’imaginaire de chacun.

Rien n’est asséné, tout est suggéré, délicatement posé sur la page.

Le sens ne peut être circonscrit, il est ouvert, proposé sans prétention à la sagacité et à la sensibilité de chaque lecteur.

La promesse est ainsi une chambre d’échos, de rebonds, touchant à l’informulable.

Précaution du mutisme comme réserve de paroles.

Puissance de présence dans l’absence.

L’ancrage est romantique, c’est-à-dire d’absolu : la nuit, la lune, l’eau, des arbres, des fantômes.

Un homme est allongé, torse nu, des mouettes s’envolent comme des notes : musique maestro.

Se laisser toucher par la lumière, la chaleur d’un café, les yeux d’un enfant.

Dehors, il pleut très fort.

Dans la chambre, les corps se lient.

Dominque A écrit : « Cicatriser le réel / d’aube en aube / sentir que tout vibre au-dehors / et en dedans / que les vibrations se répondent / qu’à l’immobile le mouvant ne s’oppose pas / mais que tout tend à l’équilibre. »

La mer toujours recommencée, les baisers, les vallons et les rocs, l’entrelacs des souvenirs, le ventre qui s’arrondit, l’accueil d’un tout-petit.

Bouche-à-bouche-à-la-vie.

Nous sommes trop grands, ou trop frêles, nous superposons nos peaux, quand le serpent abandonne la sienne.

On se regarde, on s’attend, on se couvre de saxifrages, on écoute Sabine Huynh : « Il n’y a rien ni personne / juste le laitage du ciel et le tissu de l’eau / ce que les yeux ont saisi de la pâleur / de ce matin-là ses formes émergentes »

Y a-t-il un cycle des amours comme il y a un cycle des saisons ? des périodes fastes ? des paralysies de mélancolie ? des gelées intérieures ? des bouffées de désir inattendues aux rayons du soleil après l’équinoxe d’hiver ?

Avancer avec l’enfant, plus rapide que nos pauvres tourments, se laisser grandir par lui.

Les seins l’ont nourri, du lait de toutes les mères du monde.

La promesse est une île composée de trois personnes, porteur d’une foi que l’art expose : la possibilité d’être heureux ensemble.

« Then the surface cleared / Your voice was found / And I nearly sensed / The light of sound » (Keren Ann)

Marilia Destot, La promesse, coffret de trois ouvrages, textes de Dominique A, Sabine Huynh, Keren Ann, Filigranes Editions, 2020 – 500 exemplaires

Filigranes Editions