© Olivier Rebufa
Né à Dakar en 1958, ayant passé sa petite enfance à Madagascar et au Cameroun, Olivier Rebufa aime se mettre en scène dans des univers miniatures.
Au royaume de Babok, publié par Le Bec en l’air, est un objet livresque étonnant, évoquant les liens très forts entre l’auteur et sa deuxième maman, Dina Mendy Correa (1939-2018), chamane guinéenne, féticheuse, guérisseuse, personnalité charismatique.
© Olivier Rebufa
C’est un ouvrage hybride, associant des photographies venues de plusieurs horizons, des archives personnelles, des autoportraits, des images africaines, des expérimentations.
On ne sait pas toujours très bien ce que l’on voit et où l’on est, ce qui est parfait, tant la désorientation relève ici d’une sorte de pratique initiatique sauvage.
© Olivier Rebufa
Un carnet d’ethnologue ?
Un album de famille ?
Un manifeste d’art brut ?
Un catalogue d’exposition ?
Un objet magique ?
Un fétiche ?
© Olivier Rebufa
Au royaume de Babok est un livre relevant de registres multiples, ironie, tendresse, stupeur amusée, effroi.
Olivier Rebufa a indubitablement l’Afrique dans la peau, elle est son identité profonde, sa force de jeu et de création, son lien premier avec l’invisible et les forces souterraines.
Il y a chez lui un mélange de Jean-Christophe Averty, de Gilbert Garcin, de Man Ray, et d’un esprit de la brousse incontrôlable.
© Olivier Rebufa
« J’ai observé, écrit-il, les rites de Dina, avec sa boîte qui parle d’une voix inintelligible qu’elle seule peut comprendre ; ses œufs qui pourrissent instantanément et dont les marbrures lui permettent de lire l’avenir comme dans un marc de café. Et puis ses cornes d’animaux décorées de cauris, de cuirs, de tissu. »
A sa façon, heuristique et baroque, Au royaume de Babok est un grigri, une recherche concernant la possibilité d’une photographie magique, un laboratoire de sorcier.
Ecrits à la première personne à partir des récits d’Olivier Rebufa, les textes sont signés de son complice, l’historien de l’art François Bazzoli, sorte de double de l’artiste, voix seconde ou d’envoûtement.
© Olivier Rebufa
Rien n’est seulement ce qu’il donne l’apparence d’être, une corne de buffle, une peau de serpent, un tissu, une photographie, un texte, une exposition, au Frac à Marseille, ou à Dakar.
Jean de Loisy classerait ce travail parmi ceux des « maîtres du désordre », recherchant l’équilibre dans la confrontation des contraires et des matériaux mis en tension.
© Olivier Rebufa
Dans la maison de Dina aujourd’hui disparue, le silence est épais, mais qui sait ? peut
-être a-t-elle transféré une part de sa puissance dans un livre moins innocent et bricolé qu’il ne le semble d’abord.
Olivier Rebufa, Au royaume de Babok,, textes François Bazzoli, maquette Eric Pasquiou, édition Fabienne Pavia et Céline Queric, Le Bec en l’air, 2020, 128 pages – 160 photographies en couleur et noir & blanc
© Olivier Rebufa
Olivier Rebufa est représenté par la galerie Baudouin Lebon (Paris)
© Olivier Rebufa