Les neuf chants du Minotaure, par Nyima Marin, photographe

©Nyima Marin

« Dans le dédale de mes veines court / un pauvre monstre assoiffé / à la recherche du fleuve animal / où jadis voguaient les rêves de nos héros endormis »

L’Adieu du Minotaure, de Nyima Marin, est un voyage sur le lieu de ses origines, la Crête, abordé comme un territoire mythologique.  

Composé de cyanotypes, ce bel ouvrage imprimé sur papier épais est une matière d’onirisme, à la fois hommage et salutation de départ à une île où le bonheur fut possible.

©Nyima Marin

Le labyrinthe est déserté, le Minotaure a perdu son gîte, et, puisque les dieux se retirent, nous devenons plus pauvres en mondes.

En retrouvant, à l’occasion de plusieurs voyages, son île natale, Nyima Marin s’est mis à l’écoute du doux murmure des eaux et des ciels, des roches et des chairs, humaines ou animales.

Une cavité attend le spectateur, c’est une fente féminine, une matrice, le chaudron de la création.

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En ces lieux très minéraux, le premier vagissement de l’enfant évoque toujours le cri de la bête tapie dans l’immémorial, comme une façon de s’accorder à sa puissance atemporelle.

Un homme se présente, c’est une ombre incrustée sur une pierre, un autoportrait probablement.

Des plumes, des arbres étiques poussant dans la rocaille, les veines du pérégrin.

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Tout est ici selon les mots de l’auteur d’un « sang azur », assaut des vagues contre les roches qu’elles creusent en y abandonnant les détails de leur force motrice.

Depuis combien de siècles l’arbre bleu offre-t-il le dédale de ses cernes à l’esprit qui le contemple ?

Des oiseaux, un espace noir, un territoire se souvenant du tsunami l’ayant ravagé à l’âge de Bronze à la suite de l’éruption du volcan de Santorin situé à plus de cent kilomètres de là.

©Nyima Marin

La solitude erre, on va de peau en peau, feuille fragile, veinules sur la pierre, plumage de rapace, sans bien comprendre où nous mène la quête qu’il aura fallu entreprendre.

Quelle était la taille des pieds des premiers hommes de Crête ?

Peut-on marcher dans les pas des anciens sans les écraser de notre suffisance ?

©Nyima Marin

« Tout est bleu, écrit Nyima Marin / comme l’indifférence d’un ciel / d’où tombe la beauté / ce précieux pollen qui à l’aube vint caresser / ces fleurs nées d’aucune graine / tout est bleu / comme son regard calme et humide / d’où de tristes saphirs sombrent / dans les eaux profondes et insondables / d’une tragique destinée. »

Un serpent glisse devant nous, faisant à peine bouger les cailloux.

Nous glissons de roche en roche, d’îlot en îlot, nous cherchons à percer le mystère de notre présence.

©Nyima Marin

Petit d’homme, qu’as-tu fait de ta vie ?

Qu’as-tu fait de l’amour ?

Nyima Marin, L’Adieu du Minotaure, textes (français, anglais, grec) Nyima Marin, design graphique Arthur Calame et Nyima Marin, 2022 – 500 exemplaires

Fonds de dotation Agnès b.

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