Extension du domaine de la photographie, par le collectif Maladita

Pedro ©Maladita

Aurélie Bay et Nathalie Hannecart forment le collectif Maladita, dont l’ambition est d’explorer le médium photographique dans une dimension expérimentale, joyeusement irrévérencieuse, partageuse, émancipatrice.

Comme chez Gao Bo et Linda Tuloup, les pierres, émulsionnées de présences physiques, volent.  

Les peaux se rencontrent, l’impermanence voue les formes humaines faisant corps avec la matière minérale à la disparition, la nudité est plus profonde encore que l’exposition de l’épiderme.

Pedro ©Maladita

Par la pratique du collage, décollage, recollage, les deux artistes questionnent la substance du temps, les traces et contours de nos apparitions, cherchant à libérer le corps comme le sexe des stéréotypes et codages limitants.  

Leur œuvre commune peut ainsi être considérée comme un chant d’amour neuf, entre sensualité et provocation, cruauté et rire, éclatement du moi et recompositions identitaires.  

Il y a ainsi unité dans la multiplicité et multiplicité dans l’unité, effacements et débords, flux et stase, jouissance par le verbe, l’image, le montage.

Pedro ©Maladita

Pedro, livre autoédité témoignant des recherches graphiques des deux complices, publié avec l’aide de Collin Hotermans, explore à la façon d’un carnet de voyage madrilène l’admiration éprouvée pour le cinéaste Pedro Almodovar.    

On y trouve des dessins, des fragments de rêves, des photographies et scènes de la vie quotidienne, des fantasmes, cet ouvrage prolongeant en quelque sorte l’esprit libre et transgressif de la Movida.

Il y a ici un éthos baroque qui enchante, et une façon de bousculer le cadre des existences orthonormées qui soulage.

Pedro ©Maladita

Excentricités, rayures, griffures, belle indécence (faire pipi debout contre un mur lorsque l’on possède un sexe féminin qui nous possède), désirs de basculement amoureux, allégresse enfantine.

Planète en explosion, décolletés, traversée de la cadavérisation sociale.

L’une s’écrit : « J’ai couché avec tous les sentiments. »

L’autre soupire : « Sa langue frétille entre mes cuisses, ça grésille, râpe, ça jouit. »

Pedro ©Maladita

Messieurs et dames les pudibonds, Pedro n’est pas pour vous, qui invite à la libération des sens, à célébrer l’instant, à vivre jusqu’au bout de la nuit, et plus encore.

Si Vincent Delbrouck était né femme, se serait-il appelé Maladita ?  

La vie exulte, ici et maintenant, attrapez-la entre vos bras, entre vos lèvres, entre vos jambes, entre vos yeux.

Tout est théâtre, comédie, et possibilité de félicité.

Pedro ©Maladita

Pedro n’est pas qu’un livre, c’est un manifeste, éloge du cœur ouvert, vie vécue comme un roman, énergétique des couleurs.

Choisir sa robe, marcher insolemment dans la rue, traverser les regards d’épines, sourire.

Cigarettes, alcool, vernis à ongles.

Pastels gras, fleurs indécentes, langue pendue.

Pedro est une invitation au voyage, intime, intérieur, autant qu’extérieur.

Pedro ©Maladita

L’espace est un puissant aphrodisiaque, et la rue la condition même de la politique.

Pour Aurélie Bay comme pour Nathalie Hannecart, l’art est un territoire de rencontres, sans principe hiérarchique, un cri, une joie.  

Maladita, Pedro, conception Aurélie Bay et Nathalie Hannecart, graphisme Maladita avec l’aide de Collin Hotermans, 2023 – 50 exemplaires

Pedro ©Maladita

https://www.aureliebay.com/

https://www.nathaliehannecart.be/

https://www.studiobaxton.com/

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