Comme des îles, par Renée Lorie, photographe

©Renée Lorie

C’est un livre de grand format à la couverture encre argentée conçu par Renée Lorie, mais c’est aussi plus qu’un livre : une sorte de bigger than life célébrant la sensualité de l’existence, la beauté des corps, la jeunesse et le mystère d’être au monde.

Publié par Les éditions du Caïd (Liège), Shelter est un archipel.

Il faut imaginer avec l’auteure les humains comme des îles, flottantes, dérivantes, se heurtant, se frôlant, se rencontrant.

©Renée Lorie

Chaque île est poreuse, ouverte au monde de l’autre et à son inconnaissable.

On ne sait plus très bien où sont nos propres contours puisque l’autre nous informe, nous déforme, nous plie selon son désir et son énergie.

On avance ainsi, d’épaule en épaule, de visage en visage, on est désabrité, recueilli par un paysage, un sourire, une danse.

©Renée Lorie

La poétique de Renée Lorie, dont il s’agit du second livre, est ainsi celle du partage des vulnérabilités dans la conscience des singularités et secrets de chacun.

On se dévoile un peu, pas trop, c’est le tatouage d’un château fort dans le cou.

Pour l’artiste flamande, tout est objet de contemplation à l’instant d’un devenir-paysage.

Deux jeunes femmes dansent, merveilleuses de grâce et de joie, le monde leur appartient.

Le grain de la pellicule leur va bien, c’est celui de la beauté de l’éphémère.

©Renée Lorie

Il y a des formes archétypiques, des cercles, des damiers, des touches de piano, et des masques sculptés à la longue chevelure.

L’image pourrait s’effacer, rien n’est assuré de durer, si ce n’est l’âme des choses.

Des photographies tombent sur la page comme autant de pistils.

Un chat regarde les astres, tandis que se rassemblent des fêtards.

©Renée Lorie

La nuit est en feu et les pages sont quelquefois blanches.

Comprenant la surréalité comme un mode supérieur de la réalité, Renée Lorie fait de l’intimité de ses visions un chemin initiatique.

Il y a quelque chose à comprendre, quelque chose à déchiffrer, nous ne sommes pas seuls, même si nous le croyons souvent.

©Renée Lorie

Des poissons morts nous observent, mais aussi les taches dans la tapisserie, et les arbres là-bas, qui tremblent dans le flou.

Les enfants nous rappellent les lois de l’éveil intérieur, comme l’art, comme la photographie de nécessité que pratique cette artiste rare.

Renée Lorie, Shelter, texte Erien Withouck, postface Kasper Demeulemeester, graphic design Matthieu Litt, Les Editions du Caïd, 2024

https://reneelorie.be/

https://editionsducaid.com/fr-fr

Un commentaire Ajoutez le vôtre

  1. Avatar de barbaraspolla barbaraspolla dit :

    Oui l’art nous regarde…

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