Pandémie, prison mentale, par Evangelos Daskalakis, artiste visuel

©Evangelos Daskalakis

Les rues sont vides, la police patrouille, on se cache, on porte des masques.

On se planque dans des contenairs.

Conçu comme une dystopie, Kuebiko, d’Evangelos Daskalakis, dont l’esthétique relève du graphisme cyberpunk, offre le spectacle de notre avenir.

Réalisé à partir de photographies – prises par un promeneur solitaire ou quelque clandestin urbain -, le dessin de cet ouvrage atypique parvient à transmettre une impression de menace et de stade terminal de la civilisation à l’ère de l’anthropocène et du technocapitalisme.

©Evangelos Daskalakis

Qui surveille qui ? Qui fuit qui ? Qui frappe qui ?

Reliure à la suisse, signets collés formant ponctuation, pages non massicotées, papier kraft, ensemble agrafé, Kuebiko relève du livre d’art.

Combinaisons médicales, manque d’oxygène, armes à feu.

En japonais, un kuebiko est un épouvantail, soit cet observateur aiguisé repoussant la piétaille des volatiles – les corbeaux noirs de la société d’asphyxie.

©Evangelos Daskalakis

La gestion politique de la pandémie était un avertissement.

Si vous n’avez pas compris, la prochaine fois sera la bonne.

La rue est désertée, il faut en reprendre possession, la démocratie se joue là, dans le partage des espaces, de la parole et de la confrontation des corps.

©Evangelos Daskalakis

L’impression est aussi celle d’un film noir interminable.

Des inscriptions en espagnol, des ciels tourmentés, des sacs poubelles.

On nettoie, l’humanité est jetée dans un vide sanitaire, les sirènes hurlent.

Prison mentale, contreplongées à la Orson Welles, empreintes digitales.

©Evangelos Daskalakis

Nous sommes à Quito, à Athènes, à Paris, partout.

ADN mon amour, ma geôle.

Kuebiko ne pourrait être qu’un carnaval triste, mais, pire encore, c’est une prophétie.

Evangelos Daskalakis, Kuebiko, textes Sebastian Concha, Evangelos Daskalakis, editing Evangelos Daskalakis, Yorgos Yatromanolakis, design Yorgos Yatromanolakis, text editins & translation Giota Peraki, Leonidas Oikonoakis, livre publié en collaboration avec Zoetrope Athens, 2022 – 404 exemplaires numérotés

https://www.instagram.com/zoetrope.athens/p/CwhUjksoGj4/?img_index=1

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