Un assassinat, par Honoré de Balzac, écrivain

« Mon père, je venais vous supplier de célébrer une messe mortuaire pour le repos de l’âme… d’un… d’une personne sacrée et dont le corps ne reposera jamais dans la terre sainte… » (Honoré de Balzac)

On ne le sait pas assez, mais Honoré de Balzac est un maître de la forme courte.

Dans la nuit parisienne, alors que Louis XVI vient d’être exécuté la veille, le 21 janvier 1793, une femme cherche à rejoindre un logis misérable, se cachant de tous.

Il y a de la neige, et du brouillard, mais aussi un homme, tout aussi mystérieux, que la femme qu’il poursuit.

Ecrit en 1829, Un épisode sous la Terreur est un texte saisissant, racontant la rencontre d’un trio de religieux réfractaires cherchant à sauver leur vie et d’un homme pieu, dont il se pourrait bien qu’il s’agisse de Charles-Henri Sanson, taraudé par le remords d’avoir dû guillotiner son roi.

La Révolution est là, glaçante, plus inhumaine qu’émancipatrice, confondant la profanation et le saccage du sacré avec la liberté pour tous.

Un épisode sous la Terreur est un livre où la solitude de chacun en un moment cruel mène à la solidarité de quelques-uns au pied de la croix du Christ.

On s’appelle citoyens, mais l’on déteste les insoumis ; on a peur de penser et de ressentir par soi-même, on est un damné comme les autres.

On chante Dieu sur des monceaux de têtes coupées ; on réinvente dans le secret des gestes de paix.

Recevoir la sainte hostie vaut certificat de mort ; c’est un honneur.

On se transmet des reliques sous le manteau, on chuchote, on attend, le vent mauvais passera.

Danger, autel improvisé, prière.

« Ils célébraient un obit sans le corps du défunt. Sous ces tuiles et ces lattes disjointes, quatre chrétiens allaient intercéder auprès de Dieu pour un Roi de France, et faire son convoi sans cercueil. C’était le plus pur de tous les dévouements, un acte étonnant de fidélité accompli sans arrière-pensée. Ce fut sans doute, aux yeux de Dieu, comme le verre d’eau qui balance les plus grandes vertus. Toute la Monarchie était là, dans les prières d’un prêtre et de deux pauvres filles ; mais peut-être aussi la Révolution était-elle représentée par cet homme dont la figure trahissait trop de remords pour ne pas croire qu’il accomplissait les vœux d’un immense repentir. »

Calice, ciboire, crucifix.

La France de Jeanne est morte, mais elle ressuscite dans un galetas parisien, dans la sainte frayeur gagnant un quatuor d’âmes unies au moment de soulever une invisible couronne.

La République est fondée sur un crime commis en commun, soit, mais il est possible d’expier l’épouvantable par de simples gestes de piété.

L’écriture doit être à la mesure de cet inouï.

Dans sa belle préface, Cécile Guilbert cite Victor Hugo : « On ne recommence pas les madrigaux de Dorat après les guillotines de Robespierre. »

Honoré de Balzac, Un épisode sous la Terreur, préface de Cécile Guilbert, Rivages poche, 2025, 80 pages

https://www.payot-rivages.fr/rivages/livre/un-%C3%A9pisode-sous-la-terreur-9782743665623

https://www.leslibraires.fr/livre/24066638-un-episode-sous-la-terreur-un-episode-sous-la-terreur-honore-de-balzac-rivages?affiliate=intervalle

2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Non loin de là, en terres Léonardes, quand on va faire un tour à l’enclos paroissial de Trémaouézan une fois franchi le porche sur votre droite vous avez l’église qui d’après une légende locale aurait un de ses vitraux conçu par Yan’ Dargent et sur votre gauche si vous cherchez bien vous trouverez la tombe d’un prêtre réfractaire à l’épitaphe fort émouvante.

    Monsieur de Balzac d’Entraygues s’est exprimé sur un sujet brûlant et pour cette raison notamment en son temps il fût fort gaussé.

    Quelque part son livre dont vous parlez n’est pas sans rappeler celui de Marie de Sainte-Hermine Une famille de brigands en 1793.

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  2. Non loin de là, en terres Léonardes, si d’aventure vos pas vous mènent à l’enclos paroissial de Trémaouézan une fois que vous aurez franchi le porche sur votre droite vous aurez l’église dont d’après une légende locale un des vitraux a été conçu par Yan’ Dargent et sur votre gauche si vous cherchez bien vous trouverez la tombe d’un prêtre réfractaire à l’épitaphe fort émouvante.

    Monsieur de Balzac d’Entraygues en son temps fût fort gaussé pour avoir écrit le livre dont vous parlez présentement. Ce n’est point sans rappeler celui passé inaperçu de Marie de Sainte-Hermine, Une famille de brigands en 1793.

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