Sonate pastorale, par anonyme, photographe

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Les chineurs trouvent ou ont souvent trouvé des merveilles au marché quotidien de la place du Jeu de balle à Bruxelles, notamment des photographies d’anonymes – suivre par exemple l’actualité curatoriale de Pauline Caplet (L’Enfant sauvage).

Reparaît aujourd’hui, cinq ans après une première publication, le superbe La Maison des bois – premier titre Avril.

Pourquoi cette réimpression ?

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Parce que l’époque est souvent laide, qu’il nous faut croire au bonheur, que les familles ne sont pas seulement haïssables, comme le pensait André Gide.

Composé de photographies en couleurs et noir & blanc aux très belles nuances de gris, Het Huis van het Bos est une sorte de pastorale moderne.

On pense à Auguste et Jean Renoir.

Un couple heureux et leur enfant, des arbres, un étang ou une rivière, une atmosphère bucolique, et des chats en pagaille, génies tutélaires d’un trio vivant manifestement en harmonie, entre eux et avec la nature les environnant.

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Le passé est doux, il n’est même pas vraiment passé, la mélancolie n’est pas de mise.

Trois êtres autour d’un feu près d’une maison de campagne, le jeune père fixant l’objectif du regardeur dont nous ne saurons rien.

On montre des lapins à son petit garçon, on s’émerveille avec lui, on lui touche délicatement le dos, cela s’appelle une éducation.

La façon dont les corps occupent l’espace, enneigé ou non, traduit un formidable sentiment de vie, de spontanéité, de gratuité.

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Madame ressemble un peu à Monica Vitti, elle se fait bronzer, sa chevelure léonine lui confère une grande puissance.

Dans cet album recomposé par Primitive Press (Joseph Hogan), chacun prend soin de l’autre, simplement, avec le cœur.

La tendresse est omniprésente, mais sans aucune mièvrerie.

Publier The Woodland House n’est pas qu’un acte mémoriel, ou esthétique, mais un geste politique, célébrant la joie d’être ensemble, soit le début de la démocratie.

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Il y a quelque chose d’Antoine Doinel grandi chez le noble personnage de ce fanzine, un retrait dans les yeux qui est une présence autre, une jeunesse qui ne s’enfuit pas vraiment – on ne connaît pas l’empan chronologique des images dévoilées.

Voilà, c’est cela La Maison des bois, une façon de devenir adulte sans perdre l’émerveillement de l’enfance.

Ainsi Joseph Hogan et Florence Cats ?

La Maison des bois / Het Huis van het Bos / The Woodland House, par anonyme, Primitive Press, 2025 – 100 exemplaires numérotés

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https://primitivepress.net/

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