Merveille du nid maternel, par Jill Hartley, photographe

©Jill Hartley

Les haptothérapeutes, sages-femmes et poètes appellent le ventre maternel, lorsqu’il porte un enfant, le giron.

Jill Harley quant à elle nomme joliment Le beau ventre le livre qu’elle consacre à la rotondité féminine.

Ses photographies de femmes nues posant enceintes sont en noir et blanc, accordant aux ombres et à la lumière une importance majeure, entre pudeur et dévoilement.

©Jill Hartley

Bébé est pour le moment encore caché, il flotte, est nourri, chauffé, cajolé – espérons-le – c’est un bienheureux.

Dame Nature étire la peau, la pousse, la tend, c’est une fleur de chair s’épanouissant.

Voici un seul corps, mais il y a deux êtres.

Jill Hartley évoque sa propre expérience : « Avec cette bosse qui grossissait, croissait en moi une forte connexion au monde naturel et la sensation d’être reliée à toutes les mères sur Terre ainsi qu’au cycle des générations passées, présentes et futures. »

©Jill Hartley

La grossesse est une révolution intime, dans la continuité de l’espèce.

Les femmes que photographie Jill Hartley sont merveilleuses, et parfois de grande étrangeté en leur proéminence.

Le centre de gravité a bougé, tenir en équilibre peut être un défi, la générosité des formes est étonnante, troublante, très émouvante.

L’artiste regarde ses amies et modèles avec beaucoup de délicatesse, comme les membres unis d’une incroyable communauté.

©Jill Hartley

Le corps des femmes enceintes est peu représenté, peu regardé, peu détaillé, il est pourtant superbe, révélant une sorte d’animalité humaine extrêmement puissante.

Il y a aussi beaucoup de sensualité chez ces femmes prêtes à enfanter, Jill Hartley soulignant par la grâce de son objectif à la fois la douceur et le mystère de chaque être.

Se regarder dans un miroir, ne pas tout à fait se reconnaître, accepter la métamorphose.

Le beau ventre est un cadeau offert à toutes les femmes, mais aussi aux hommes qui les contemplent et soutiennent.

©Jill Hartley

Nancy Huston, citée en postface, écrit dans Anima Laïque (Actes Sud, 2017) : « Avec la mort, l’enfantement est le plus dramatique et le plus sacré de tous les tournants animaux d’un vie humaine (…). Pendant quarante semaines, notre corps enfle, un autre corps s’imbrique à lui. L’étincelle devient feu qui couvre, feu sacré qui occupe de la place. C’est effrayant et exaltant, ça donne nausée et joie. (…) Lentement mais sûrement, le rythme s’installe… Les jours s’écoulent… Les mois se succèdent… Le ventre enfle. De façon de plus en plus visible et incroyable, cette personne en contient une autre. La différence des sexes est ici flagrante. »

La grossesse est une montagne magique.