Défendre les peuples autochtones brésiliens, par Claudia Andujar, photographe

©Claudia Andujar, Courtesy Galeria Vermelho

Le regard de la Suisse Claudia Andujar vivant depuis 1955 à Sao Paulo, après avoir été accueillie aux Etats-Unis grâce à l’aide de la Croix-Rouge, est double, à la fois documentaire et expérimental.

Reconnue pour sa défense des peuples autochtones brésiliens, notamment les Indiens yanomami, l’artiste ayant fui enfant les persécutions nazies en Transylvanie est très attentive à la défense des populations minorées.

Le médium est travaillé afin de rendre compte, par la matière exposée, des expériences chamaniques des Indiens qu’elle défend comme militante des droits élémentaires des peuples à disposer de leur terre.

©Claudia Andujar, Courtesy Galeria Vermelho

Ayant affronté toutes sortes de pressions de la part de la junte miliaire et des entreprises de déforestation, Claudia Andujar produit une œuvre à la double ambition esthétique et politique, cherchant à rendre compte par son lexique photographique – clair-obscur, pose longue, superposition, pellicule infrarouge, surimpressions – de la cosmogonie des Indiens.

En donnant à son œuvre une dimension surréelle, ou spirituelle, l’artiste, influencée également par les avancées formelles du Cinema Novo, tente de créer un équivalent plastique aux pratiques de transes des êtres qu’elle côtoie dans la forêt.

Il ne s’agit pas d’ethnologie sauvage, ou de psychédélisme new age, mais d’une façon de mener la lutte au nom de l’imaginaire de l’autre.   

©Claudia Andujar, Courtesy Galeria Vermelho

« Claudia Andujar, explique dans l’introduction d’un Photo Poche qui lui est consacré Thyago Nogueira, directeur du département de photographie contemporaine de l’Instituto Moreira Salles, au Brésil, souhaite que dans un avenir proche, ses photographies appartiennent aux Yanomami, elles ne pourraient connaître meilleur destin. Car ce sont eux qui nous apprendront à chercher un sens nouveau à ces images, à en faire un instrument de lutte pour la vie, à réapprendre à ressentir et à rêver. »  

Après avoir photographié notamment des familles brésiliennes et des sages femmes, suivant les codes du documentaire social, l’artiste va plus loin en témoignant de la réalité des toxicomanes au moyen de filtres colorés.   

©Claudia Andujar, Courtesy Galeria Vermelho

Il y a dans son corpus des effets de solarisation et des couleurs éloignant ses reportages du photojournalisme traditionnel.

On découvre avec elle l’univers mythologique des Indiens, les préoccupations écologiques et éthiques de Claudia Andujar faisant d’elle une activiste de grande noblesse.

Il faudrait projeter ses images, les décrypter finement, inviter des spécialistes.

©Claudia Andujar, Courtesy Galeria Vermelho

Victimes eux aussi d’un génocide lent, les Yanomani ont trouvé en Claudia Andujar une amie ardente, ne ménageant pas ses efforts pour faire connaître la singularité de ce peuple menacé, faisant progresser la conscience générale, en considérant que la photographie peut être un outil de lutte.  

Photo Poche Claudia Andujar, introduction de Thyago Nogueira, direction éditoriale Géraldine Lay, assistante éditoriale Nesma Merhoum, création graphique Wijntje van Rooijen & Pierre Péronnet, mise en page Charlotte Devanz, photogravure Christophe Girard, fabrication Marie Constant, Actes Sud, 2021, réédition 2025

©Claudia Andujar, Courtesy Galeria Vermelho

https://actes-sud.fr/claudia-andujar

https://ims.com.br/exposicao/claudia-andujar-the-yanomami-struggle/

https://galeriavermelho.com.br/artistas/claudia-andujar/

Exposition Claudia Andujar aux Rencontres de la Photographie d’Arles, du 7 juillet au 5 octobre 2025

https://www.rencontres-arles.com/fr/expositions/view/1611/claudia-andujar

 https://www.leslibraires.fr/recherche/?q=claudia+andujar?affiliate=intervalle   

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