Né à Brooklyn (New York) en 1931, Jerome Rothenberg est l’un des plus importants poètes nord-américains actuellement en activité.
Fruit d’un séjour de deux ans dans la réserve indienne des Senecas, Journal seneca est un mythant, c’est-à-dire un poème/chant où la page est à l’écoute de l’immémorial, espace singulier où le chant rencontre le conte ou l’Histoire, porté par une dimension de parole fondamentale, profonde, transversale, de nature initiatrice.
Il y a de l’étrangeté, de l’humour (« Puisqu’il avait signé sa lettre « Coyotte », je signai ma réponse « Vieux Bonhomme Castor ». Je n’ai plus jamais entendu parler de lui. »), du tissage intertextuel (Poe, Pound, Beckett même), des métamorphoses (du visiteur juif polonais en castor).
Il faut chercher le nom sous les noms, la trace amérindienne sous le bitume américain, se laisser dériver, dévirer, de strates géopoétiques en réinventions culturelles.
Ethnopoète, Jérôme Rothenberg, héritier du thaumaturge Baal Shem (17ème siècle), d’André Breton et d’Aby Warburg (sur les traces du serpent), écrit : « qu’un langage plus vaste que la solidarité biologique va s’ouvrir à nous à nouveau »
Vous voyez une peau d’ours, et vous la revêtez.
Parlez maintenant.
Jerome Rothenberg, Journal seneca, traduit par Didier Merle, éditions Corti, 134p
Merci à Roland Sénéca, peintre et graveur, ami de la famille, des ours, des Indiens, et de l’infini turbulent – Découvrir son oeuvre
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