Corridor Elephant est à la fois un magazine en ligne, une maison d’édition et une revue dédiée à la promotion de la jeune photographie contemporaine, NIEPCEBOOK.
Fonctionnant sur un modèle coopératif/collaboratif/participatif, cette entreprise éditoriale développe un modèle économique se passant de trésorerie, travaillant dans le présent du désir.
Fenêtre d’opportunité pour nombre de photographes, Corridor Elephant montre des regards singuliers, inattendus, souvent peu visibles ailleurs.
Pour mieux comprendre cette structure associative, je me suis entretenu avec Pierre Loetard, son directeur éditorial.
Pourquoi avoir décidé d’appeler votre magazine en ligne et maison d’édition du nom extravagant de Corridor Elephant ?
Parce qu’un éléphant dans un Corridor, c’est improbable, non ? Tout aussi improbable que de dire que l’on va tenter de créer un magazine en ligne, une maison d’édition et une revue papier dédiée à la jeune photographie contemporaine, sans publicité ni subventions et sans le moindre sou en poche (ou presque). Je ne sais pas si cet éléphant a finalement réussi à emprunter le Corridor, mais il semble qu’il nous ait porté chance.
Corridor Elephant est une association dédiée à la photographie. Qui en sont ses membres ? Quels types d’esthétiques défendez-vous ?
Corridor Elephant ne serait pas Corridor Elephant sans Dunia Ambatlle, Hervé Hubert ou Jean-Paul Gavard-Perret. Il n’y a pas de « membres », mais des rencontres, des chemins qui se suivent, des envies ou des désirs partagés depuis des dizaines d’années pour la majeure partie du groupe, Jean-Paul étant le plus récemment arrivé.
Qu’entendez-vous par notions esthétiques ? Je crois que Elephant souhaite avant tout donner la « parole » ou amplifier la visibilité d’expressions artistiques ou de propos qui, de par leur « jeunesse » ou leur non conformité à « l’époque », trouvent difficilement écho ou bien ont besoin d’une visibilité démultipliée.
Qui sont vos lecteurs ? Avez-vous des partenariats avec d’autres sites ou même des institutions ?
Les lecteurs sont des professionnels, des amateurs, des personnes curieuses d’un format et d’un contenu qui en termes d’images comme de textes se trouve difficilement dans une presse « classique ». Nous avons des partenariats basés sur un échange de visibilité avec des festivals photographiques et un partenariat avec la revue TK_21.com (échange de contenu). Nous exposons une fois par mois un artiste qu’ils choisissent, et réciproquement. Aucun partenariat avec des institutions, aucun partenariat financier de quelque ordre que ce soit ni avec qui que ce soit. La revue appartient à ses lecteurs et ceux qui la font.
Quel est votre modèle économique ?
Une économie au temps présent ! Corridor Elephant n’a aucune trésorerie (et nous n’en souhaitons pas). Chaque numéro de la revue, chaque monographie publiée, sont rendus possibles par le biais d’une édition participative. Ces campagnes de financement d’ouvrages sont autant des campagnes de communication destinées à rendre visible le travail des photographes publiés, qu’une façon de faire connaître le média. Ce modèle est viable parce qu’il n’y a pas de salarié et que l’éléphant fonctionne autant qu’il le peut en mode « coopératif ».
Comment comptez-vous développer votre maison d’édition ?
Il est difficile de répondre à cette question car nous ne sommes pas les seuls acteurs du développement et de la croissance de l’Éléphant, de par la volonté de fonctionner grâce à une économie au présent, le développement de cette structure dépend, plus qu’une autre, des désirs et de la volonté de ceux qui la font et la défendent, lecteurs inclus.
Vous offrez sur votre site des portfolios de photographes. Comment avez-vous été amenés à travailler par exemple avec Simon Vansteenwinckel ?
Nous exposons quinze photographes tous les mois sur le magazine en ligne, les expositions durent un mois et sont relayées sur l’ensemble de nos réseaux sociaux. Les portfolios « arrivent par trois biais différents : ils sont soit envoyés directement à la rédaction par les photographes, soit présentés lors d’un appel à participation, et ils retiennent l’attention de la rédaction qui propose une exposition en ligne. Enfin certains photographes sont « repérés » par l’un d’entre nous lors de veilles sur les réseaux.
Vos derniers ouvrages publiés sont de Mélanie Donier, Mathieu Bauwens, Nicolas Landemard & Christine Guinard. Pouvez-vous les présenter ?
La photographie de Mélanie Dornier est riche en couleurs, en interrogations sur l’autre et sur le monde, son travail sur l’Inde oscille entre reportage et photographie sociologique. La photographie de Mathieu Bauwens, en tout cas pour l’ouvrage publié, est une photographie qui interroge le rapport à l’autre, elle a un angle plus politique que sociologique. Enfin l’ouvrage de Nicolas Landemard & Christine Guinard mêle intrinsèquement poésie et images, l’un complétant l’autre pour donner naissance à un carnet que l’on parcourt comme un « road-movie » sans pouvoir en deviner la destination.
Que sont les « coups de pouce » que vous proposez de donner aux photographes qui vous contactent ?
Cette rubrique, « Coup de pouce » est née lorsque nous nous sommes rendu compte (très vite) que beaucoup de photographes publiaient leurs livres à compte d’auteur et assuraient leur propre diffusion. L’idée était d’offrir une visibilité supplémentaire.
Quels sont vos derniers enthousiasmes photographiques ?
Ils sont nombreux, fréquents, et en nommer un ou plusieurs serait faire défaut aux autres.
Propos recueillis par Fabien Ribery
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