© Antoine Picard
Fruit d’une résidence de création à la Maison familiale et rurale (MFR) de Divajeu (Drôme) de 2015 à 2018 avec le collectif Les Climats, Le Plateau est un livre de photographie de Antoine Picard – et texte de Marie-Hélène Lafont – concernant le plateau de Coiron, vaste table basaltique dans l’est du Massif central, en Ardèche, isolé de la plaine par des falaises abruptes, et culminant à 1019 mètres.
« De petites routes, précisent les éditions Créaphis, y montent en lacet, laissant découvrir des panoramas sur les reliefs environnants. La densité de population reste faible du fait de sa situation insulaire. Quelques familles d’agriculteurs y vivent et pratiquent l’élevage bovin, ovin ou caprin. De grandes pâtures clôturées le recouvrent, alternées de forêts denses et buissonnantes. Réserve d’eau pour toute la région, il donne naissance à de nombreuses sources. Ses rivières s’écoulent vers le Rhône ou l’Ardèche dans de profondes vallées, laissant apparaître la superposition des couches de basalte aux roches sédimentaires en soubassement. Les maisons bâties en pierre noire volcanique renforcent l’épaisseur et la singularité des lieux. »
© Antoine Picard
Cette description géographique n’est-elle pas une invitation au voyage ?
Le plateau tel que le photographie Antoine Picard est une île volcanique où reprendre vie, retrouver qualité de présence et densité de temps, substances existentielles devenues aujourd’hui très rares.
Il y a ici des parois de lave, des murets noirs, et des cavités secrètes, terrains d’exploration pour les géologues comme pour les aventuriers de l’esprit.
© Antoine Picard
Les enfants escaladent les amoncellements de roches, qui trouveront peut-être, sûrement, des grottes profondes.
Des entrailles de la terre remontent des cailloux, des indices, des traces d’un monde antérieur.
En ces endroits de faible peuplement, le cœur fou robinsonne, glisse sur la mousse des arbres, se fraie un chemin entre les hautes fougères.
© Antoine Picard
« C’est du pays puissant, écrit Marie-Hélène Lafon, ramassé, du pays têtu qui raconte et ne se laisse pas oublier. »
Des carabines, des ossements, des haches.
« J’ai vu partout les buis morts, avalés par la pyrale, leur résille grise, ce que ça fait au pays, et aux sangliers privés de leurs retranchements, débusqués. Je n’ai pas vu les vautours, mais on nous a parlé d’eux, de leur présence haute, et du charnier. »
© Antoine Picard
C’est le pays des frères Florentin et Emilien, personnages du livre, qui porteront la mémoire du plateau, comme Antoine Picard dans son bel œuvre de sourcier.
Un conte ? Mieux que cela, la réalité.
Antoine Picard, Le plateau, texte de Marie-Hélène Lafon, édition Claire Reverchon, Pierre Gaudin et Aude Garnier, Creaphis Editions, 2020, 112 pages