©Joël Alain Dervaux
J’ai découvert récemment, au festival Les promenades photographiques de Vendôme, le regard du photographe Joël Alain Dervaux sur le corps masculin, sa puissance, sa douceur, son érotique.
Je prolonge aujourd’hui le plaisir de la rencontre de cette œuvre par la lecture du livre autopublié Improvisations, ouvrage de nus en noir et blanc, essentiellement masculins, habillés de papiers transparents tels des voiles de pudeur.
Il faudrait que quelqu’un monte au paradis pour offrir cet ouvrage de superbe facture à Hervé Guibert, à qui l’on pense souvent tant chez ces deux auteurs le goût des hommes relève d’un tempérament d’esthète extrême.
©Joël Alain Dervaux
Se déshabiller, être contemplé, ne pas craindre d’être aimé.
Sur la page, les images sont des condensations de grains de lumière comme autant de points de désir.
Il faut au genre masculin apprendre la force de la vulnérabilité, et les plaisirs subtils de l’abandon.
Joël Alain Dervaux admire ses modèles, jeunes adultes, comme si chacun incarnait une possibilité de relance de la joie, du feu intérieur, de la combustion par l’invite d’une caresse suspendue.
©Joël Alain Dervaux
Les visages sont regardés, mais aussi les mains et les veines qui les parcourent, les épaules, la courbe des fesses, les aisselles, le sexe vivant.
On se cherche entre hommes et femmes, ou entre hommes et hommes.
Le plaisir est un pincement de doigt, la répétition d’une torsion, des yeux qui se ferment.
C’est un ensemble de zones érogènes percées de flèches ayant pour nom Pierre, Jean, Ahmed, ou Saint Sébastien.
©Joël Alain Dervaux
C’est le geste d’un torero piquant au flanc son amant.
Un jeu d’esquives, de plis et de déplis, d’expansion et de rétractation.
Une mélancolie trouvant son issue dans le cri.
L’appel d’une peau, d’un sexe gorgé de sang.
Une improvisation trouée de moments de grâce.
©Joël Alain Dervaux
Joël Alain Dervaux photographie l’homme mosaïque, et le fugace instant de l’abandon.
Joël Alain Dervaux, Improvisations, texte Valérie Fougeirol, design graphique Odilon Coutarel, autopublication, 2021, 400 exemplaires numérotés
©Joël Alain Dervaux
Promenades photographiques de Vendôme
Chez le photographe liégeois Bert Van Pelt apparaît également l’homme – nu, et en couleur – dans tous ses états, drôle, provocateur, malicieux, terriblement sensuel.
Leur faisant prendre la pose à la façon des Antiques, voici les frères contemporains du David de Michel-Ange.
Tension des muscles, jeux avec la pesanteur, corps ficelés chus faisant la culbute.
Variété des sexes, des épidermes, des dos et des torses.
©Bert Van Pelt
Pas de contexte, sinon la chance d’un moment intime dégagé des contraintes sociales.
La sculpturalité et la force des contraintes conduisent ici à des moments de libération.
« De façon incisive, Bert Van Pelt, écrit son préfacier David Archbold pour le livre New Men paru aux éditions du Caïd, utilise des bandes de plastique ironiquement transparentes qui à la fois dissimulent et révèlent les corps. »
Il est maintenant temps d’entrer ensemble, à deux, et peut-être davantage, dans la danse des corps.
Bert Van Pelt, New Men, texte de David Archbold, Les Editions du Caïd, 2020 – 500 exemplaires