©Cyrus Cornut / Atelier EXB / Prix HSBC pour la Photographie, Paris, 2021
Colauréat avec Aassmaa Akhannouch du 26ème prix HSBC pour la photographie, Cyrus Cornut offre avec Chongqing une impressionnante réflexion en images sur la grande ville du sud-ouest de la Chine, sa présence, les formes du bâti et la façon dont elle rentre en contact avec le paysage minéral et fluvial tout en dirigeant la vie de ses 34 millions d’habitants (chiffre bas).
Chongqing est une ville ogresque, infernale, particulièrement polluée, s’augmentant chaque année de près de 300 000 nouveaux résidents, notamment des déplacés du barrage des Trois-Gorges, et des journaliers cherchant un emploi.
Pourtant, si Cyrus Cornut montre les destructions, les immeubles gigantesques sortant de terre, les réseaux routiers s’enchevêtrant, l’impression d’atomisation de la vie humaine, son livre est avant tout très calme, silencieux, habité par une paix presque surréelle.
©Cyrus Cornut / Atelier EXB / Prix HSBC pour la Photographie, Paris, 2021
Réalisées à la chambre photographique 4×5, ses images sont des écrins de méditation, des possibilités de temps long dans l’affairement et la trépidation absurde.
On fait encore du maraîchage sur les rives du fleuve Yangzi Jiang et de la rivière Jialing, il y a des guinguettes, des pêcheurs, et des hérons cendrés artificiels.
Le brouillard est épais, on respire mal, mais l’on peut encore se baigner dans l’illusion chaque matin – tiens, voici un homme en maillot de bain -, et continuer à marcher tranquillement sur les berges sablonneuses.
Entre la végétation et le béton, la lutte est inégale, pour le moment, car bien sûr tout s’effondrera de nouveau bientôt, demain, aujourd’hui.
©Cyrus Cornut / Atelier EXB / Prix HSBC pour la Photographie, Paris, 2021
Très pauvres architecturalement, les tours d’habitation où l’on fait l’amour en étouffant ses cris menacent la rivière qui en contrebas leur renvoie l’image d’une puissance de pacotille.
L’ingéniosité humaine est sans égale, qui persiste à y croire, à inventer des rites de socialisation, à édifier de nouveaux projets, alors la mort est partout, la laideur, comme les déchets de l’orgueil.
Les vieux quartiers sont démolis, des arbres sont préservés, les logements sociaux sont légions.
Tout va très vite, trop vite, la démesure se déploie au rythme de la démographie et des ambitions politiques concernant la nouvelle route de la soie.
©Cyrus Cornut / Atelier EXB / Prix HSBC pour la Photographie, Paris, 2021
Effroi devant les métastases des chantiers de construction, alors que persistent çà et là des modes de vie presque ruraux, et que l’on voit quelques anciens assis sur des chaises plantées dans le décor de l’hubris comme si le monstre urbain cachait les restes d’un village.
On bêche dans la béance, on flâne sous les lignes à haute tension.
« Cyrus Cornut, écrit très justement Sylvie Hugues, propose une vision, n’impose pas un point de vue. En cela, il s’affirme comme un Eugène Atget contemporain. »
©Cyrus Cornut / Atelier EXB / Prix HSBC pour la Photographie, Paris, 2021
Le futur a désormais un visage gris-vert, alors qu’il faut s’habituer à n’être rien que le mépris de la poussière.
Cyrus Cornut, Chongqing, Sur les quatre rives du temps qui passe, préface de Sylvie Hugues, textes (français/anglais) de Cyrus Cornut, directeur de collection Christian Caujolle, direction artistique Xavier Barral, édition Jodan Alves, graphisme Line Célo, Prix HSBC pour la photographie / Atelier EXB, 2021
©Cyrus Cornut / Atelier EXB / Prix HSBC pour la Photographie, Paris, 2021
©Cyrus Cornut / Atelier EXB / Prix HSBC pour la Photographie, Paris, 2021
Impressionnant. Donne à penser l’humanité…
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