Hibernation, l’engourdissement de l’architecture balnéaire, par Sander van Wettum, photographe

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©Sander van Wettum / The Eriskay Connection

Dans son livre intitulé Hibernation, publié à Breda, aux Pays-Bas, chez The Eriskay Connection, le photographe Sander van Wettum, qui vit et travaille à Rotterdam, montre que les constructions humaines peuvent elles aussi entrer dans un état d’engourdissement saisonnier.

Une fois les touristes partis, les installations qui leur sont dédiées entrent en léthargie, jusqu’au réveil initié par les prochaines vacances, généralement de printemps.

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©Sander van Wettum / The Eriskay Connection

Qui a fait l’expérience de ces lieux vidés de leurs habitants, mais pouvant être sur une période courte densément peuplés, ne peut qu’être saisi par un sentiment de désolation.

On entre alors dans un territoire spécial où la réalité se dissout pour prendre la substance d’un rêve.

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©Sander van Wettum / The Eriskay Connection

Les côtes du sud de l’Europe sont ainsi truffées de bâtiments n’ayant de véritable utilité que quelques mois, lorsque les travailleurs du système capitaliste achètent quelques jours ou semaines de loisir leur permettant le reste de l’année de ne pas déserter totalement leur poste quand il s’avère sans autre nécessité existentielle que la récompense d’un salaire.

Il faut au tourisme de masse des stations balnéaires enchanteresses, même si tout est faux.

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©Sander van Wettum / The Eriskay Connection

C’est lors de ces périodes où le silence s’approfondit qu’il est véritablement possible de se rendre compte à quel point leur relation à l’environnement n’est que de pur fonctionnement, et qu’il relève d’une forme de brutalité pour le paysage.

Hibernation explore ces lieux désormais sans qualité, transformés en gigantesques scènes de théâtre pour des acteurs fantômes.

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©Sander van Wettum / The Eriskay Connection

La dimension plasticienne des images de Sander van Wettum sauve de la déréliction des structures devenues des écrans où se projeter mentalement.

On imagine des enfants, des corps hâlés, des jeux de regards, alors qu’il n’y a plus rien que du sable froid.

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©Sander van Wettum / The Eriskay Connection

Il faudra quelques mois plus tard nettoyer le plateau, la nature reprend vite ses droits quand l’homme disparaît.

On pourrait être à Hollywood, le décor est parfait, ou après quelque explosion thermonucléaire.

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©Sander van Wettum / The Eriskay Connection

Un ballon traîne, le crépi s’effrite, les vitres se salissent, mais il faudra tenir, maintenir les apparences, masquer les taches, pour parvenir encore à vendre un pan de paradis.   

L’impression générale est pirandellienne, la mélancolie se densifie.

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©Sander van Wettum / The Eriskay Connection

Plus, ou pas autant, de cocktails avant l’été prochain, plus de maillot de bain, ou si peu, l’être humain est un drôle de mammifère absurde.

Un adepte du Nouveau roman pourrait imaginer en ces lieux de félicité un assassinat métaphysique.

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©Sander van Wettum / The Eriskay Connection

La guerre – dans un pays méditerranéen – ne semble pas loin, quand les édifices éventrés donnent le sentiment d’avoir subi la violence d’un conflit armé.

On lit « The Funny Pub », la piscine aurait besoin d’un carreleur, et Dieu sourit peut-être de tant d’efforts pour métamorphoser le morne quotidien en espace de vacuité désirable.

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Sander van Wettum, Hibernation, texte David Richardson, design Rob van Hoesel, The Eriskay Connection / Mondriaan Fund, 2021, 96 pages

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©Sander van Wettum / The Eriskay Connection

The Eriskay Connection

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