
©Guido Gazzilli
Revoici le magazine/revue/zine portugais Preto, dont L’Intervalle rend désormais compte systématiquement, parce qu’y circulent des images et des noms de photographes- expérimentateurs cherchant à créer/découvrir des points d’intensité dans un monde désormais si aplati, si atone, si froid, si bête.
On peut, il faut penser Artaud, Breton, Bataille, Guyotat – y aurait-il des équivalents au Portugal ?

©Dimitra Dede
On peut, il faut regarder et vivre les visions de Cloro, de Dimitra Dede, de Guido Gazzilli.
Les portfolios se mélangent, on ouvre ou ferme les yeux, la nudité est animale, excitante, superbe, douloureuse.
Du noir et blanc, des fantômes, des spectres d’atomes tremblants.

©Guido Gazzilli
Des créatures, mi-monstrueuses, comme des astres flottants.
Des météorites humaines.
Corps abîmés, ensauvagés, enténébrés.
Des gestes premiers, primitifs, essentiels.

©Dimitra Dede
Dieu est un enfant sale jouant au fond d’une grotte.
On tend la main, une femme cache son pubis, le cygne blanc qui passe au loin est indifférent à ces réflexes étranges.
Que voit-on vraiment lorsque nous regardons ? Quel espace ?

©Cloro
Que pense la roche qui nous observe ? et le matador crooner portant une fine moustache ?
Nous sommes seuls, mais, quelquefois, la lumière nous foudroie.
L’éléphant si lourd nage sans couler, il ira peut-être tout à l’heure faire quelque numéro de cirque pour des spectateurs avides de légèreté.

Une femme accouchera bientôt, the show must go one.
Structuré par les motifs du regard, des draps/tissus et de l’eau, le douzième numéro de Preto remet comme chaque fois les compteurs à zéro en reposant des questions fondamentales : que faites-vous de votre vie ? Qu’est-ce que la présence ? Quel est le poids de votre âme ? L’intensité de la violence n’est-elle pas préférable à la fadeur des endormis ?
Preto Magazine, photographies de Cloro / Dimitra Dede / Guido Gazzilli, n°12, 2022
©Guido Gazzilli